vendredi, décembre 23, 2005

Les écrivains et la colonie : les mensonges de l'Histoire



« La France est secouée ces derniers temps par des débats, des déclarations, des lois qui, loin de la grandir, nous montrent finalement le visage d’un pays adepte de la langue de bois lorsqu’il s’agit d’affronter sa part sombre de l’Histoire… » Écrit mon ami Alain Mabanckou le 12 décembre 2005, dans un article en ligne de son Blog, intitulé : « Peut-on vraiment défendre la colonisation comme l’a fait le Parlement français ? »

Par Alain Brezault



Ce à quoi, parmi les nombreuses réponses suscitées par cet article passionnant, un autre ami, écrivain lui aussi de grand talent, Sami Tchak, répond : « L’histoire a toujours été orientée et ce sont les intellectuels et historiens qui la font en étant des esprits d’une époque, d’un contexte. A aucun moment, elle n’a été neutre, il a fallu donner une certaine lecture de la monarchie pour justifier l’avènement de la République, et les Ki-Zerbo se sont déjà battus contre une certaine histoire DE L’Afrique, en proposant la leur, elle aussi orientée d’une certaine façon. La "victime" n’est pas plus objective que le "bourreau", ils n’ont tout simplement pas les mêmes intérêts à un moment donné. Ce qui choque ici, ce n’est pas le caractère subjectif ou orienté de l’Histoire, c’est l’institutionnalisation de cette subjectivité. »

C’est pour tenter d’éclairer d’éventuels jeunes lecteurs, plus ou moins bien documentés sur cette époque tragique, que je trouve nécessaire de procéder à un bref survol de ce qu’a été, au plan de l’écriture, le rôle de certains écrivains de la métropole dans la façon dont l’idéologie coloniale s’est infiltrée insidieusement dans les cerveaux durant plus d’un siècle. Comment peut-elle encore perdurer chez quelques politiciens nostalgiques d’une France dont la grandeur ne réside certainement pas dans ce passé trop longtemps occulté, voire mutilé, par nos manuels d’histoire et malgré tous les témoignages qui devraient imposer une analyse objective des faits ? Enfin, quel a été le rôle des écrivains africains contemporains pour faire remonter à la surface tous les non-dits et les mensonges qui empoisonnent actuellement les relations entre les communautés d’une France qui se voudrait multiculturelle et donc respectueuse du passé et des valeurs de chacune de ses composantes ?

La Conférence de Berlin (1885), vit les puissances occidentales négocier entre elles le scandaleux partage de l’Afrique afin de mieux en exploiter les richesses au mépris absolu des peuples et des civilisations du continent. Pour des raisons de propagande, des écrivains aux ordres, défenseurs acharnés de l’idéologie coloniale, s’attelèrent alors à la tâche de relater ce qui était censé se passer dans les colonies en mettant en scène la vie quotidienne des Blancs expatriés accomplissant leurs devoirs civilisateurs au service de la patrie, dans « l’enfer équatorial » et parmi une sous-population « indigène » décrite comme « apathique et fourbe ».

« Pourquoi des colonies ? », demandait Jules Ferry dans un discours prononcé le 28 juillet 1885 à l’Assemblée nationale, quelques mois après la Conférence de Berlin. La réponse était sans ambiguïté : « La question coloniale, c'est pour les pays voués par la nature même de leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des débouchés… Il y a un second point que je dois aborder : c'est le côté civilisateur de la question. Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu'il y a pour elles un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… ».

Les petits écoliers de la IIIe République pourront ainsi lire dans le Tour de France par deux enfants, d’Augustine Fouillée, publié sous le pseudonyme de G. Bruno, que dans la hiérarchie des races de l’espèce humaine, la blanche est la « plus parfaite ». Véritable best-seller, ce livre, dont la première édition date de 1877, fut vendu à des millions d’exemplaires. A la même époque, L’Afrique, choix de lectures de géographie, un recueil de plus de 900 pages publié aux Editions Belin Frères sous la direction du professeur Lanier, agrégé de l’Université, était recommandé par le ministère de l’Instruction publique et la ville de Paris pour les distributions de prix et pour les bibliothèques scolaires et populaires. La 7e édition proposait en 1893 aux lycéens et écoliers de France un choix de textes relatant les exploits exotiques des militaires et des explorateurs à la glorieuse conquête du continent africain. Le point culminant de la bêtise suffisante était atteint dans l’extrait suivant, dû à la plume d’un certain Girard de Rialle qui avait commis un livre intitulé « Les Peuples de l’Afrique et de l’Amérique », publié aux éditions Germer-Baillère en 1880 : « Le nègre, peut-on lire sous sa plume, est un grand enfant, tout à l’impression du moment et absolument esclave de ses passions. (…) Le nègre n’a qu’une prévoyance très restreinte : il est l’homme du moment ; le passé ne laisse pas de trace profonde dans sa mémoire, et l’avenir ne le préoccupe point ; aussi n’a-t-il ni histoire, ni chronologie, il ne connaît même jamais exactement son âge. (…) La légèreté, la paresse, la superstition du nègre sont à coup sûr les causes de l’arrêt subi par lui dans l’évolution sociale. (…) C’est pourquoi le nègre est en général si peu fait pour la liberté… »

La plupart des missionnaires tenaient eux aussi, avec la bénédiction du Pape Léon XIII, des propos semblables concernant les populations qu’ils avaient la charge de convertir et de « civiliser ». Par exemple, le Révérend Père Gorgu, un missionnaire parmi tant d’autre, écrivait à propos de ses ouailles : « Chez ces peuples, les mœurs atteignent les derniers degrés de la corruption : ils ne considèrent la vie que comme un moyen d’assouvir leurs appétits, leurs instincts les plus grossiers. Et le missionnaire aura pour tâche de faire jaillir une étincelle de cette fange et de faire comprendre à ces natures retombées au niveau de la brute sans raison les beautés tout immatérielles de la pureté et des autres vertus chrétiennes. » (in « La Côte d’Ivoire chrétienne », 1912).

L’école chrétienne va alors devenir le pôle stratégique de tout l’enjeu missionnaire. L’effort de la mission se focalisera avant tout sur l’éducation religieuse enseignée à une sélection d’enfants noirs qu’il s’agit d’arracher à la sauvagerie de leurs parents, afin que les meilleurs d’entre eux puissent ensuite aller porter la bonne parole de Dieu et des nations conquérantes dans les villages au cœur de la brousse (1).

Rappelons que le Pape Léon XIII, en zélé propagandiste de la foi chrétienne, s’était grandement réjoui que les missionnaires belges puissent accomplir leur tâche sous la protection de « leur très religieux prince », Léopold II, tout en feignant d’ignorer les rumeurs de plus en plus alarmistes qui couraient au sujet d’atrocités subies par les populations soumises aux caprices mégalomaniaques de leur maître (2).
Les crimes contre l’humanité qui eurent lieu au Congo furent pourtant violemment dénoncés à l’époque et firent l’objet d’une grande campagne de presse dans laquelle de nombreux intellectuels, à l’image de l’écrivain américain Mark Twain (1835-1910), stigmatisèrent les atrocités commises là-bas. Cette dénonciation sans appel déclencha même de très nombreux mouvements de protestation aux Etats-Unis et en Europe. En Angleterre, le secrétaire d’Etat au Foreign Office, sir Edward Grey alla même jusqu’à déclarer officiellement le 23 décembre 1908 : « Depuis au moins trente ans, aucun problème de politique extérieure n’a remué le pays avec une telle force et une telle véhémence ».
Un exotisme à la portée de toutes les inconsciences
L’imaginaire européen fut ainsi nourri par toute une littérature aux relents d’exotisme mettant en scène d’« héroïques aventuriers » qui se heurtaient à la « sauvagerie et à l’animalité » des populations autochtones, espèces de sous-hommes qu’il fallait arracher à la noire barbarie ancestrale afin de leur faire goûter les bienfaits de la blanche civilisation européenne.
Cette littérature, dont le succès ne s’est pas démenti durant un bon demi-siècle, confortait l’idéologie coloniale ; elle recourait aux clichés les plus éculés du populisme racoleur, pour décrire des situations romanesques qui n’étaient que des transpositions de ce dont le public européen se montrait friand à l’époque : déchéance sociale, cocufiage, alcoolisme mondain, héroïsme, lâcheté, bref, tous les stéréotypes de la société métropolitaine transposés sur fond tropical, avec main-d’œuvre africaine à bon marché pour justifier la présence des maîtres.
Parmi cette production pléthorique, citons deux romans exemplaires du préjugé culturel et de l'approche exotique : Le roman d'un spahi (1881) de Pierre Loti et Terre de soleil et de sommeil (1906) d'Ernest Psichari. Le personnage principal du roman de Loti est français, mais sa femme et ses comparses sont des Noirs qui agissent de façon négative sur le destin du héros. Le réalisme apparent est sans cesse contredit par les clichés habituels, notamment sur l’impossibilité d’échapper aux feux infernaux du soleil africain qui transforme tous les personnages en pitoyables zombies. Psichari, dans son roman bourré de contradictions, n’hésite pas à assimiler certains Africains aux derniers représentants d'une « humanité des origines » confrontés à la décadence de la civilisation européenne. En réalité, Loti et Psichari se servent du décor de l’Afrique comme pour mieux exorciser leur propre subjectivité d’écrivains attirés par les mythes faussement romantiques dont on affuble ce continent afin d’idéaliser l’aventure coloniale.
Les deux frères Marius et Ary Leblond se bâtirent à la Réunion, puis en métropole, une certaine renommée littéraire. Ils obtinrent même le prix Goncourt en 1909 pour un roman, « En France », qui évoquait le déracinement et les errances de jeunes créoles réunionnais transplantés à Paris pour étudier à la Sorbonne. Dans « La Sarabande » (1904), réédité en 1934 sous le titre « La Kermesse noire, roman d'une élection aux colonies », les auteurs évoquent, sans d’ailleurs dénoncer cette situation, comment des hommes de main payés par les notables locaux, prompts aux insultes et aux coups, forcent la population à voter pour le candidat de leur choix. « Le Miracle de la race » (1914) s’intéresse aux malheurs d’Alexis Balzamet, un jeune orphelin réunionnais d'excellente famille blanche, que l'avarice de ses tantes contraint à quitter la pension bourgeoise où il étudiait, pour fréquenter l'école des Frères, sur les mêmes bancs que les enfants noirs nécessiteux. Mais, grâce au « miracle de la race », le jeune parvient à faire reconnaître ses qualités naturelles : il entre au Service des Ponts et Chaussées et s'engage patriotiquement dans le corps expéditionnaire lancé à la conquête de Madagascar en 1895.
Henry de Monfreid (1879-1974) est à classer dans la catégorie des « écrivains aventuriers » qui ont contribué à populariser le mythe de l’exotisme colonial. Sur les conseils de Joseph Kessel, il rédige ses premiers récits de voyages et des romans pittoresques dont la publication obtient un succès foudroyant : Les secrets de la mer Rouge, Pilleurs d'épaves, La Croisière du haschich… Mais quelques années avant la seconde guerre mondiale, dans les journaux de l'époque, on suivra avec un certain effarement les tribulations de cet intrigant sans scrupule qui essayera de justifier les conquêtes coloniales de l’Italie mussolinienne en Abyssinie…
Un vent de remise en cause
L’aventure coloniale inspira aussi en France quelques rares textes critiques. Publié en 1822, Ourika, de Mme de Duras est une œuvre romantique peu connue qui fut certainement le premier roman dénonçant les préjugés racistes d’une époque, encore peu concernée par la colonisation du continent africain, et dans lequel l’auteur se fit le porte-parole de la cause méprisée des Noirs. L’héroïne, Ourika, amenée toute petite de l'Afrique à Paris, a été élevée dans un milieu cultivé et aucun signe ne la distinguerait d'une jeune parisienne de la « bonne société », si ce n'était sa couleur de peau. Elle se comporte en jeune aristocrate et rien, dans ses manières, ne rappelle ses origines africaines. Elle va pourtant sombrer dans la déchéance en étant l’objet d'une exclusion totale, tant de la part de la société blanche, que de sa société d'origine qui la renie. Quant à la société coloniale, qui lui fait horreur et dont elle se sent étrangère, elle ne lui réservera aucune place et l’abandonnera à son triste sort…
Tard, beaucoup plus tard, des journalistes et des écrivains célèbres commencèrent à porter un regard plus incisif sur ce qui se passait vraiment dans les colonies. On pense à Albert Londres (1884-1932), qui fit scandale en écrivant dans Terre d’ébène (1927) : « Il faut aussi sauver le nègre (…) Le moteur à essence doit remplacer le moteur à bananes. Le portage décime l’Afrique. Au siècle de l’automobile, un continent se dépeuple parce qu’il en coûte moins cher de se servir d’hommes que de machines ! Ce n’est plus de l’économie, c’est de la stupidité. » Ou à André Gide (1869-1951), avec Voyage au Congo, NRF, 1927, et un long article, « De la détresse de notre Afrique équatoriale », publié dans La Grande Revue de Paris). Mais leur regard critique portait uniquement sur la mauvaise rentabilité de l’effort colonial et la façon dont les Blancs gaspillaient le potentiel de richesses qu’ils étaient censés exploiter au bénéfice exclusif de la société métropolitaine. Les Africains, taillables et corvéables à merci, restaient toujours à l’arrière-plan, en tant que victimes d’enjeux économiques dépassant leur entendement et vus à travers le crible d’un paternalisme de circonstance.
Dans A la recherche de l’homme nu (1932), Georges Simenon dénonce lui aussi (avec une certaine condescendance non dénuée du racisme qui imprègne l’époque), l’exploitation des « nègres » dans les colonies d’Afrique qu’il visite. Il commettra par la suite quelques romans coloniaux qui ne serviront certainement pas sa postérité (voir Coup de lune en 1933 ; Quartier nègre en 1935 ; Le Blanc à lunettes en 1937).
Bien qu’il ne soit mêlé en aucune façon à la vogue de la littérature coloniale, Céline, dans son impitoyable Voyage au bout de la nuit (1932), fera une description au vitriol de la société blanche qui croupit à Bambola-Fort-Gono, un de ces calamiteux comptoirs coloniaux qui bordaient le Golfe de Guinée. Mais lorsque le regard de son héros, Bardamu, se pose parfois sur les Noirs qui peuplent le décor comme des ombres portées sur cette société d’exilés rongée par l’ennui, ce n’est que pour les ridiculiser jusqu’au grotesque : « Au commandement d’Alcide, péremptoire, ces ingénieux guerriers, posant à terre leurs sacs fictifs, couraient dans le vide décocher à d’illusoires ennemis, d’illusoires estocades. Ils constituaient, après avoir fait semblant de se déboutonner, d’invisibles faisceaux et sur un autre signe se passionnaient en abstractions de mousqueterie. A les voir s’éparpiller, gesticuler minutieusement de la sorte et se perdre en dentelles de mouvements saccadés et follement inutiles, on en demeurait découragé jusqu’au marasme. »
La révolte des écrivains d’Afrique et de la diaspora face aux mensonges de l’institution coloniale
En 1921, le Prix Goncourt fut attribué pour la première fois à un écrivain noir, originaire des Antilles françaises, René Maran (1887-1960), auteur de Batouala, véritable roman nègre. Une petite révolution : c’était en effet la première fois qu’un homme noir révélait aux lecteurs français l’ambiguïté de ses états d’âme à propos de l’institution coloniale, même s’il ne la jugeait d’ailleurs pas négativement. Ce que firent un peu plus tard les écrivains fondateurs de la négritude (Damas, Senghor et Césaire) dont l’engagement politique et les écrits flamboyants allaient ébranler les assises de l’impérialisme colonial jusqu’à l’avènement des indépendances. Ce qui les réunissait, c'était la lutte contre l’image indigne, stéréotypée et dégradante du « nègre » véhiculée par le colonialisme. « Je déchirerai les rires Banania sur tous les murs de France », écrira Senghor. Le Discours sur le colonialisme d’Aimée Césaire, récemment réédité, reste toujours d’actualité dans une France encore incapable de porter un regard objectif sur son sinistre passé colonial. Avec Peaux poires, masques blancs (1952), le Martiniquais Franz Fanon (1925-1961), médecin-psychiatre de formation, sonnera l’heure de la révolte des peuples opprimés. Son ouvrage suivant, Les damnés de la terre, préfacé par J-P Sartre, (Ed. Maspéro, 1961), inspirera des générations de militants anticolonialistes.
A partir des années 50, paraissent les premiers grands romans africains francophones dans lesquels les auteurs commencent à mieux identifier les symptômes du mal qui les déchire : la colonisation des esprits. Mais comment effacer cette influence idéologique, ingérée de force dans les écoles de la République, sans renier une partie de soi, sans devenir un « bâtard culturel » ? L'Afrique que l’on évoque pompeusement dans la presse métropolitaine de l’époque n'est pas celle que les Africains ont sous les yeux. Le Camerounais Mongo Beti, dans Ville cruelle (1954), un premier roman désespéré, décrit son pays tel qu’il le voit, avec ses yeux d’Africain ulcéré par l’injustice. Les luttes sociales deviennent le cadre de nouveaux romans qui abordent de front les turpitudes de la colonisation. Les bouts de bois de Dieu (1960), d'Ousmane Sembène, dépeignent, avec un réalisme à la Zola, la grève des cheminots du Dakar-Niger, en octobre 1947.
Publié en 1956, Une vie de boy, de Ferdinand Oyono, analyse froidement, de façon presque entomologique, le clivage social, empreint de mépris et d’injustice, qui impose la domination des Blancs sur les « indigènes ». Ce livre a joué un rôle très important auprès des lecteurs africains à l’aube des indépendances.
Dans L'aventure ambiguë (1961), l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane fait comprendre au lecteur la souffrance des Africains de cette génération. Samba, son héros, ne se sent plus ni Peul, ni Occidental : « Je suis devenu les deux. Il n'y a pas une tête lucide entre les deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de ne pas être deux. » Le Malien Amadou Ampathé Bâ (1900-1991) devient alors le brillant griot de la défense des traditions ancestrales (« En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. ») : il met en garde les Africains contre la perte irréparable que constituerait la rupture avec le passé. Dans son récit le plus célèbre, L'étrange destin de Wangrin, qui nous plonge au cœur du colonialisme français, la perte du fétiche reliant le héros à ses ancêtres finira par causer irrémédiablement sa perte.
Le premier roman de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2003), Le soleil des indépendances, raconte l’histoire exemplaire de Fama, notable malinké réduit à la mendicité. Déchu des prérogatives que lui accordait la tradition, il n’a plus aucun rôle à jouer dans le monde nouveau des indépendances où règne le Parti unique.
Dans son livre sulfureux Le devoir de violence (Prix Renaudot 1969, Ed. du Seuil, 1968. Réédition au Serpent à Plumes, 2003), l’écrivain malien Yambo Ouologuem fit lui aussi scandale pour avoir renvoyé dos à dos les horreurs du colonialisme et les atrocités commises par les Africains eux-mêmes dont les notables avaient, selon lui, fait cause commune avec les conquérants occidentaux afin de se partager le gâteau sur le dos des populations qu’il nommait avec un mépris provocateur, « la négraille » :
« Et ce fut la ruée vers la négraille. Les Blancs, définissant un droit colonial international, avalisaient la théorie des zones d’influence : les droits du premier occupant étaient légitimés. Mais ces puissances colonisatrices arrivaient trop tard déjà, puisque, avec l’aristocratie notable, le colonialiste, depuis longtemps en place, n’était autre que Saïf, dont le conquérant européen faisait – tout à son insu ! – le jeu. C’était l’assistance technique, déjà ! Soit. Seigneur, que votre œuvre soit sanctifiée. Et exaltée. »
Toute une nouvelle génération d’écrivains africains choisit alors de s’engouffrer dans la brèche creusée par Yambo Ouologuem pour se réapproprier la parole trop longtemps confisquée par les Blancs. Le style est neuf, incisif, beaucoup plus virulent parfois vis-à-vis des mensonges de l’histoire officielle, distillée dans les manuels scolaires des puissances coloniales. En effet, à de rares exceptions citées plus haut (3), dans la génération précédente des premiers écrivains africains qui furent publiés en Europe, le ton était beaucoup moins virulent et la forme plus classique.
Dégrisés, désabusés, ces auteurs contemporains, à l’image du Guinéen Tierno Monenembo dans Les écailles du ciel (Grand Prix de l’Afrique noire 1986), inventent des anti-héros qui se retrouvent démunis face à un monde nouveau où ils sont, encore une fois, privés de leur identité et transformés en vulgaires mendiants, lépreux ou chômeurs, guettés par la folie et condamnés à errer lamentablement dans leur propre pays, tel Le jeune homme de sable (1979) de l’écrivain guinéen, Williams Sassine.
Les femmes font, à leur tour, entendre leurs voix : Mariama Ba, (1929-1981), à travers Une si longue lettre (1979), aborde la difficile condition sociale des femmes sénégalaises. Sa consœur, Aminata Sow-Fall, dans La grève des Battu (Grand prix littéraire d’Afrique noire 1980), met en scène la révolte des mendiants de Dakar dont le gouvernement souhaite se débarrasser en les exilant de la capitale. Avec Le Baobab Fou (1982), Ken Bugul relate, dans un style à la fois violent et subtil, toutes les injustices dont elle fut l’objet durant sa jeunesse. Riwan ou le chemin de sable, lui vaudra en 1999 le Grand prix littéraire d’Afrique noire.
Les nouveaux pouvoirs instaurés dans les « goulags tropicaux » par des bouffons sanguinaires paraissent d'autant plus intolérables que ces tyrans sont les dignes successeurs de l'ex-colonisateur. « Quoi de changé, en général comme en particulier ?, se demande Sembène Ousmane dans Xala. Rien. Le colon demeure plus fort, plus puissant, caché en nous, en nous ici présents ».

Aux yeux de certains écrivains, il ne va rester que la parabole du rire pour rendre compte des monstruosités politiques dont l’Afrique est le terrain d’expérience à l’aune de l’héritage colonial : Henri Lopes s’engage, parmi les premiers, dans cette direction pour écrire Le Pleurer-Rire (1982) avant de revenir à un style plus classiquement littéraire. Sony Labou Tansi (1947-1995), autre grand auteur congolais, deviendra le maître de ces récits drolatiques et impitoyables envers les nouveaux pouvoirs mis en place. Dans Les yeux du volcan (1988), par exemple, la révolution est constamment différée à cause des hémorroïdes du « guide providentiel ».

Le Sénégalais Boubacar Boris Diop, rédige en 1981, avec une férocité sans pareille, son premier roman Le temps de Tamango dans lequel un historien africain du XXI° siècle analyse, à travers un système de notes, ce qui s’est déroulé en Afrique après les indépendances.

Ainsi, en réponse à la tragédie que fut la colonisation, une intense créativité littéraire a déferlé sur tout le continent, comme une vague censée balayer les humiliations du passé et celles engendrées par les nouveaux régimes qui se sont succédé depuis les indépendances. La place nous manque pour évoquer tous ces écrivains qui sont en train d’acquérir une audience internationale. A titre personnel, en raison du plaisir de lecture qu’ils m’ont procuré, je citerai plus particulièrement pour l’Afrique francophone : Emmanuel Dongala, Abdourahman Waberi, Kangni Alem, Sami Tchak, Fatou Diome, Eugène Ebodé, Monique Ilboudo, Florent Kouao Zotti, Patrice Nganang, Alain Mabanckou et Ananda Devi… Leur contribution est à l’image de ce que me disait, dans un éclat de rire tonitruant, Tchikaya U Tam’Si (1931-1988)quelques mois avant sa mort : « La conquête de soi-même vous amène à prendre partout ce qui vous est dû. »
1. « La colonisation apparut comme l’effet immédiat de la biblification, le commandement oublié du Décalogue, une loi conforme à la programmation de l’histoire fondée sur le système divin. Elle se multiplie en attitudes compatissantes sur un pseudo-humanitarisme aidant l’Africain à passer de brute épaisse à géniteur de bons enfants qui ont besoin de protéines, de protection et d’éducation. Or l’enfant, quelle triste transition ! Nu, vide, dépendant, cajolé, domestiqué, il constitue le socle parfait sur lequel tout va s’asseoir. On lui bourre la tête avec toutes les saletés possibles, on le déplace comme un tabouret, on l’avance telle une montre en retard, on le téléguide pendant de longues années, on lui inocule la foi. Dieu se faufile entre les lignes du cahier, les anges flottent dans l’encrier, les saints participent au calcul mental et à la dictée. L’école coloniale déploya ses ruses et fut un puissant moyen de colonisation des mentalités. (…) Les prêtres latinisaient : « Pater noster, Avé Maria, Et cum spiritu tuo. » On ne pouvait entendre que des contrepèteries : « Nater Poster, Mavé Aria, E doum spiri coucou. » On était sur la bonne voie… »
Jean-Baptiste N’Tandu : « L’Afrique mystifiée », l’Harmattan, Paris, 1986, pp 21-22-23

2. « C’est grâce aux Belges, et surtout aux ministres de l’Eglise qui se rendent au Congo sous les auspices et avec la protection de leur très religieux prince, que la lumière de la vérité commence à se lever sur la terre africaine, et que ses habitants se prennent à délaisser les habitudes et les prescriptions de la barbarie pour se plier aux usages des peuples policés. Ce changement aura pour effet de soustraire à la loi de leurs caprices ces tribus, peuplades ravalées au rang de l’animalité, et de les faire passer de la servitude de la corruption à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. » (8 janvier 1889. Extrait du Bref pontifical de S.S. le Pape Léon XIII au Supérieur général de la Congrégation de Scheut-Lez-Bruxelles, TRM Van Aertselaer)
3. Chez les francophones : Mongo Béti (1932-2002), Cameroun, « Ville cruelle » (1954), « Le pauvre Christ de Bomba » (1956) ; Sembène Ousmane (né en 1923), Sénégal, « Le docker noir » (1956), « Les bouts de bois de Dieu » (1960) ; Cheikh Hamidou Kane (né en 1928), Sénégal, « L’Aventure ambiguë » (1961) ; Ahmadou Kourouma (1927-2003), Côte d’Ivoire, « Les soleils des indépendances » (1968), « Monnè, outrages et défis » (1990)…
Chez les anglophones : Amos Tutuola (1920-1997), Nigeria, « L’ivrogne dans la brousse » (1952), « Ma vie dans la brousse des fantômes » (1954) ; Chinua Achebe (né en 1930 ), Nigeria, « Le monde s’effondre » (1958) : Wole Soyinka (né en 1934), Nigeria, prix Nobel de littérature en 1986, « Les années d’enfance » (1981).

samedi, décembre 17, 2005

Histoire de l’immigration en France


Le domaine de l’histoire de l’immigration est un champ récent car l’Histoire a jusqu’à présent privilégié l’histoire de la formation territoriale. C’est autour de la constitution du territoire national que les historiens ont cherché à travers le cadre de la constitution de la France ; mais en adoptant ce point de vue, ils oubliaient les grands acteurs, les populations qui ont constitué ce creuset français pou reprendre le terme de Daniel Noiriel.

La France a voulu rendre invisible la présence étrangère en pratiquant une politique intégration et d’assimilation. De leur côté, les étrangers ont, pendant longtemps, voulu rester peu visible, très probablement de crainte de mouvements xénophobes, toujours prêts à se déclencher lorsqu’il y a crise politique. Dans ces cas, comment repérer les immigrants de 3 ème génération ? Il n’y a pas de communauté, de quartier ethnique en France comme aux Etats- Unis. Cela se traduit, pour l’historien et pour l’ethnologue par une documentation peu nombreuse.

La tradition historique française est positiviste, c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur les documents qu’ils soient archéologiques ou scripturaux. Elle s’est pendant longtemps méfié de la mémoire et des archives dites orales. Mais depuis le milieu des années soixante-dix, l’histoire de l’immigration présente un enjeu.

La question de la formation de la population française, de son histoire devient un enjeu politique. Cette histoire de la population, de sa constitution, des classes immigrées constitue aussi un partie de l’histoire de la classe ouvrière et des relations inter-ethniques. Gérard Noiriel résume dans son article paru dans les Actes de la recherche en sciences sociales les faits fondamentaux de l’histoire de l’immigration. Il part du constat que dans les discours, l’argumentation est basée sir l’histoire mais que les thèses des historiens de l’immigration ne sont pas utilisées. Ce recours à l’histoire est utilisé dans un sens précis, pour démontrer que l’immigration actuelle est d’une autre nature. Ce type de discours a été particulièrement employé dans les années quatre-vingt.

En 1984, date où Noiriel publie son article, deux ouvrages paraissent en librairie : L’immigration, une chance pour la France de Bernard Stasi, fils d’immigré italien et L’immigration : le choc d’Alain Griotteray. La problématique développée dans les deux ouvrages est semblable ; seules les conclusions diffèrent.

La France découvre, en 1984, le problème de l’immigration. Le Monde crée une rubrique spéciale dans son journal et la confie à Robert Solé. Il défend l’idée que la France est confrontée à un phénomène nouveau et que jusqu’à la Seconde guerre mondiale, la France avait su assimiler les immigrés. On assisterait depuis à un phénomène de rejet. Solé développe d’autre part l’idée que les immigrés sont, depuis, concentrés en quelques pôles urbains alors qu’ils étaient autrefois disséminés.

Bernard Stasi adopte le même argumentaire, mais il explique que les immigrés étaient auparavant d’origine européenne et que l’immigration est devenue africaine et musulmane. Il prétend que la France peut assimiler les musulmans à condition que la France se pluralise. Giotteray adopte la même problématique, mais il pense que le problème culturel et religieux est insurmontable.

Les sociologues qui ont enquêté dans le milieu immigré pensent qu’il y avait une immigration provisoire et que celle ci est devenu une immigration de peuplement, ce qui se traduit par l’apparition d’une seconde, puis troisième génération. Or ce sont ces générations qui se présentent comme les parties les plus problématiques de la population migrante. Il y aurait donc un phénomène nouveau.

La question qui se pose est donc de savoir si la problématique est nouvelle, si la question est réelle.

Il semblerait que ce type de raisonnement existait déjà avant la Seconde guerre mondiale. Les clivages politiques étaient alors les mêmes que ceux de nos jours. La question de l’immigration possède un caractère récurent et les derniers immigrés sont toujours les plus menaçants. En fait, l’immigration est utilisée comme une arme politique par les deux bords. Sur un plan xénophobe pour certains, pour accéder au pouvoir par d’autres parce que les immigrés faisant partie des classes sociales les plus défavorisées, joueront un rôle politique à travers la question syndicale. La véritable question, à savoir si la France peut assimiler les étrangers, n’est pas posée.

L’étranger a toujours été mal vu. La première immigration massive est celle des Belges dans la seconde partie du XIX ème siècle. Or les Belges qui venaient travailler dans les filatures du Nord étaient essentiellement des Wallons, donc des gens de même culture. Les positions à leur égard a changé avec l’arrivée massive des immigrés italiens (début du XX ème siècle). Les Belges sont alors devenus de bons immigrés. Quant aux Italiens, ils ont été intégrés après avoir été présentés comme inassimilables. A chaque vague, il y a reproduction du schéma précédent.

Ce problème de l’invasion se retrouve aussi dans la littérature ; deux romans de Danrit ont le mot invasion dans leur titre : l’invasion jaune et l’invasion noire. Ce thème est récurent dans la pensée de nombreux auteurs, notamment avec les différentes tensions internationales qui ont précédé la Première guerre mondiale.

Dans l’entre-deux-guerres, les migrations de travail ne se sont pas faites sans heurts, sans douleur. L’opinion publique était d’autant plus réservée que la France traversait une crise économique. Elle pouvait même devenir franchement hostile à l’immigration et se transformer en xénophobie.

Critique du « catalogue des idées reçues » concernant l’immigration.

L’immigration est un problème nouveau en France. Si l’on effectue une comparaison entre les recensements de 1931 et ceux fournis par le ministère de l’intérieur en 1984, les chiffres montrent qu’il y a eu en permanence un flux migratoire. La proportion est la même : entre 7 à 8% d’immigrés. Dans les années 20/30, la France est le pays à plus fort taux d’immigration.

Critique personnelle de Noiriel : Il faut comparer ce qui est comparable. Les données proviennent d’une part d’un recensement de population (1982), d’autre part des déclarations de la préfecture de police (1931). Comment ces données ont-elles été recueillies ? Quelle est la systématisation du recueil de ces données. D’autre part, entre ces deux dates, il y a un changement d’échelle non négligeable : en 1931 la France disposait d’un immense empire colonial - l’exposition coloniale de 1932 en témoignera - et en 1981, elle a perdu cet empire colonial. Où sont comptabilisé, de part et d’autre les ressortissants des anciennes colonies ?

La population avant la guerre était disséminée sur l’ensemble du sol national. La population était de ce fait plus facilement assimilable. Rien ne prouve qu’une population disséminée est plus facilement assimilable. Aujourd’hui la population serait concentrée dans des zones spécifiques. Avant la seconde guerre mondiale, les stratégies de recrutement de travailleurs immigrés pour les mines du Nord-Est faisaient appel à des régions entières de Pologne. Ces immigrés étaient ensuite regroupés dans des zones à forte concentration d’immigrés : 20%des Polonais résidaient dans des communes où ils représentaient plus de 50% de la population. Il y a donc bien concentration urbaine. Critique de Noiriel : Si rien ne prouve que la dissémination facilite l’assimilation, la concentration crée des solidarités « ethniques » qui constituent des bastions de résistance.

Dans les zones à forte concentration d’immigrés, les autorités sont confrontées à la mise en place de pouvoirs parallèles, entièrement aux mains de ces groupes solidaires. Cette constitution d’un Etat dans l’Etat ne favorise ni intégration, ni assimilation, car sa raison d’être est de substituer à un modèle qui existe, un nouveau modèle.
L’immigration avant guerre était célibataire.

Une immigration célibataire serait plus facilement gérable. Par le jeu du mariage l’intégration se ferait plus facilement. Avec cette affirmation le problème de la seconde génération est évacué. Si l’on veut faire appel à une population stable, il faut favoriser l’immigration familiale.

Critique de Noiriel : une immigration de célibataire pose différents problèmes, notamment ceux de la vie quotidienne des hommes seuls. Pour éviter certains problèmes de moeurs, les autorités privilégient l’installation familiale car elle préside à une plus grande stabilité. La question familiale ne se pose pas avec les familles monogames car on se trouve devant l’équation un homme + une femme = une famille. La question est différente avec la polygamie ou l’équation devient un homme + 4 femmes = une famille. On transpose alors des modes de vie totalement différents t les femmes répudiées peuvent fonder de nouveaux foyers en se remariant. Le problème n’est pas celui de la famille, mais la manière dont on peut contourner les lois concernant l’immigration.

Avant la guerre les immigrés s’intégraient dans la nation. Les mémoires publiées par certains immigrés montrent les vexations subies. L’intégration semblait facile parce que les immigrés étaient européens. L’idée d’Europe, à quelque exception prêt, n’existait pas dans l’entre-deux- guerres. Mentionner une quelconque idée européenne constitue un anachronisme.
Les immigrés étaient catholiques.

La France est un pays laïque où il y a une séparation de l’Eglise et de l’Etat. Concordat de Napoléon (1805) et loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. La France est alors un pays laïque où la classe ouvrière est fortement déchristianisée. D’autre part, le catholicisme est très diversifié. Il serait intéressant de connaître les opinions du catholicisme social (Marc Sagnier sur cette question de l’immigration).

Dans le Sud-Est l’immigration arménienne est très importante, notamment dans les années 20 après qu’ils aient été chassés de Turquie. Or les Arméniens sont orthodoxes et font partie de l’Eglise autocéphale d’Arménie. A la même période arrivent de nombreux juifs d’Europe centrale qui sont soucieux de maintenir la tradition juive.

Le catholicisme polonais a parfois été considéré comme un frein à l’intégration et à l’assimilation. Les Polonais restaient entre eux pour célébrer le culte. Le clergé était Polonais, les sermons faits en Polonais, ce qui avait pour effet d’agacer les autorités civiles qui ne pouvaient contrôler ce qui se disait. Le clergé français était favorable au regroupement des communautés polonaises qui étaient ainsi moins soumises à l’influence des syndicats laïques et marxistes.
Critique de Noiriel : Il prend ces différents éléments comme une succession de parties indépendantes, alors qu’ils font partie d’un tout : la culture. Le catholicisme, la famille constituent plus des représentation d’une culture chrétienne que l’on oppose à une culture musulmane. Pour ne pas avoir à prendre en compte le phénomène culturel dans sa globalité avec ce que cela recouvre de mode de vie, Noiriel a découpé certaines tranches de la culture pour pouvoir les soumettre aux présupposés de sa thèse. Notons d’ailleurs que l’immigration européenne en France est une immigration essentiellement chrétienne, voire catholique et non protestante. L’immigration juive en France n’a pas été sans heurts, notamment dans l’entre-deux-guerres. La question de l’assimilation et de l’intégration des immigrés est avant tout culturelle En fait le problème de l’immigration est mal posé. C’est celui d’un pays disposant de richesses qui cherche à préserver la qualité de vie de ses habitants en mettant en place des barrières contre la pauvreté. Les pauvres, les immigrés, n’ont de cesse de venir dans les pays riches.

Noiriel pose des questions, mais pas les bonnes. Il est encore pris dans le système de 1894 où l’on dénie toute valeur à la nation, où pendant longtemps on a dénié toute valeur à la différence ethnique et où seule comptait la différence de classe. Seule la lutte des classes était privilégiée et rien de devait entraver cette vision marxiste de la société. Or en 1984, l’Union soviétique est engagée depuis quatre ans en Afghanistan dont elle ne peut se dépêtrer ; des mouvements de dissidents font entendre leurs voix (Sakharov, Rostropovitch, etc.). A partir de 1985, Gorbatchev mènera une politique différente qui conduira en cinq ans à l’écroulement du système soviétique et du marxisme-léninisme. Il faut substituer autre chose à la lutte des classes...

Conclusion.
L’intégration se fait dans le milieu dans lequel on vit. Les difficultés nouvelles proviennent selon Noiriel du fait que la France est en crise ; c’est une crise du modèle national.

On a d’autre part transposé en France la situation coloniale avec les nombreux immigrants d’origine maghrébine et africaine. Cela s’est traduit par un problème de racialisation des immigrants. La France a perdu ses colonies en 1960, et depuis l’immigration provient de ses colonies. A la perte de prestige sur le plan international, s’ajoute la venue d’anciens sujets sur le territoire national.

mardi, décembre 13, 2005

L’HISTOIRE CACHEE DE NAPOLEON BONAPARTE


En ce mois d’octobre 2002, on commémore en France le bicentenaire de la Légion d’Honneur instituée par Napoléon BONAPARTE. Des livres, un spectacle grandiose ainsi qu’une série télévisée ont été consacrés à l’Empereur. La télévision française a diffusé une série à l’occasion de cet évènement. Cette adaptation audiovisuelle est tirée de l’œuvre de Max GALLO, historien et biographe.

Or une fois de plus, on constate qu’une partie importante de l’histoire de France, à savoir le rétablissement de l’esclavage en 1802, a été niée. Logique puisque à ce jour, l’esclavage n’est toujours pas traité dans les manuels scolaires d’histoire et que les français continuent d’honorer de manière hystérique la mémoire de celui que je me permet de qualifier "d’ancêtre d’Hitler".
« Pour le sens de l’Histoire, le rétablissement de l’esclavage n’a aucun sens »
Ce qui est grave c’est que Max GALLO a pu affirmer en direct sur CANAL + que "Oui, Napoléon a rétabli l’esclavage aboli par la convention en 1794 ... mais pour le sens de l’histoire cela n’était pas important". Cette affirmation, qui rappelle celle de Le Pen sur le "détail des chambres à gaz", n’a soulevé aucune protestation de la part des mouvements dit anti-racistes alors qu’au même moment, on célébrait en Guadeloupe le bicentenaire du mouvement de résistance guadeloupéen aux armées napoléoniennes.

La convention avait aboli l’esclavage le 16 Pluviôse An II (4 Février 1794). Or, le 18 Brumaire An 7 de la Révolution française (le 9 Novembre 1799), BONAPARTE prend le pouvoir par la force d’un coup d’Etat. Il se trouve alors devant une situation embarrassante puisque l’empire colonial français est considérablement réduit. La Martinique, Sainte-Lucie, Trinidad sont depuis 1794 sous domination anglaise. De plus, il faut rétablir l’ordre à Saint-Domingue (actuel Haïti), en Guyane et en Guadeloupe où l’esclavage est aboli. Mais c’est surtout que l’Empereur et son impératrice, Joséphine De Beauharnais, fille de famille esclavagiste martiniquaise, n’acceptent pas que des Nègres osent défier le pouvoir « Blanc » en particulier en Haïti avec Toussaint-Louverture [1] et en Guadeloupe avec Louis Delgrès « hommes de couleur » encadrant l’armée et l’administration.
« La liberté est un aliment pour lequel l’estomac des nègres n’est pas préparé ».

En 1801, les intentions du petit corse et des autorités françaises sont claires : il faut rétablir l’esclavage à Saint-Domingue et à la Guadeloupe. Le 14 Novembre 1801, Décrès, alors Ministre de la Marine et des colonies déclare : « ... Je veux des esclaves dans les colonies. La liberté est un aliment pour lequel l’estomac des Nègres n’est pas préparé. Je crois qu’il faut saisir toutes les occasions pour leur rendre leur nourriture naturelle sauf les assaisonnements que commandent la justice et l’humanité. Je crois qu’il faut envoyer une force considérable en Guadeloupe, non pour la réduire à ce qu’elle était mais à ce qu’elle doit être ».

Les évènements qui surviendront en 1802 en Guadeloupe mettent en avant le racisme des autorités françaises de cette époque envers les nègres et ce, quelle que soit la couleur de leur peau. Les massacres de Mai 1802 avaient comme objectif non seulement de remettre les Noirs sous le joug de l’esclavage mais aussi de leur faire admettre que le maître blanc ne pouvait accepter d’être défié impunément. Ceci devait servir d’exemple aux autres Nègres des colonies françaises.

Les troupes du Général RICHEPANSE [2] qui devaient rétablir l’esclavage au soir du 28 Mai 1802, massacrèrent 10.000 hommes et femmes (soit 10% de la population) qui osèrent prendre les armes pour défendre leur liberté si chèrement acquise. Cette véritable guerre constitue pour la Guadeloupe un traumatisme, une rupture sociologique et psychologique importante. En 1852, l’arrivée au pouvoir de Louis Napoléon BONAPARTE (le neveu du premier) ravivera pendant longtemps le souvenir de cette terreur et les craintes d’un retour à l’esclavage restées vivace dans la mémoire des Guadeloupéens. Cette peur perdurera jusqu’en 1910, année de conflits sociaux très graves dans le secteur cannier.
« Le processus de rétablissement de l’esclavage et la résistance des héros de la liberté ».

En Mars 1802, la France et l’Angleterre signent le traité d’Amiens. La Martinique redevient française et Bonaparte y maintient l’esclavage [3]. Mais la Guadeloupe n’est pas la seule cible de l’Empereur puisqu’il enverra en même temps 12.000 hommes, dirigés par son beau-frère le Général LECLERC, tenter de rétablir l’esclavage à Saint-Domingue. Celui-ci échouera puisqu’il aura à faire face à une armée de vaillants combattants sous la houlette de TOUSSAINT-LOUVERTURE et DESSALINE, qui vaincront leurs assaillants et proclameront la Première République NOIRE du monde occidentale sous le nom d’Haïti le 4 Janvier 1804.

Le 6 Mai 1802, les bateaux abords desquels se trouvent les 3.470 hommes de l’armée dirigée par le Général RICHEPANSE accostent sur les plages de KARUKERA. A ce moment là, c’est Magloire PELAGE « homme de couleur » martiniquais, Chef de Brigade, officier le plus gradé de la Guadeloupe, qui gouverne l’île.

Le contre-amiral LACROSSE, déjà présent en 1794 pour l’abolition de l’esclavage, est de retour, envoyé par Napoléon 1er, pour reprendre en main la colonie avec, cette fois-ci, une sinistre mission secrète : rétablir l’esclavage. Louis DELGRES, officier métisse martiniquais, est son aide de camp. De Juin à Octobre 1801, LACROSSE fait arrêter plusieurs officier noirs et mulâtres de l’armée constituée en 1794. Cela déclenchera le 21 Octobre une réaction populaire menée par le Capitaine Joseph IGNACE. Ce dernier mettra le contre-amiral aux arrêts et convaincra DELGRES, qui a compris les véritables enjeux de son « ami », de rejoindre ses frères de couleurs. Il y aura un affrontement larvé entre deux tendances : l’armée encadrée par les capitaines IGNACE, MASSOTEAU, GEDEON, DELGRES et les « Républicains » loyalistes parmi lesquels PELAGE. Le 5 Novembre 1801, LACROSSE est expulsé vers la France.

Les troupes - hommes et femmes - du Capitaine IGNACE, principal dirigeant de la résistance guadeloupéenne, se dirigent vers Pointe-à-Pitre. Ces 200 soldats, sous la houlette des lieutenants MASSOTEAU, PALERME, CODOU, DAUPHIN, JACQUET rejoignent après un jour de marche le Colonel DELGRES et commence alors la guerre de résistance contre les armées napoléoniennes. Durant près d’un mois, du 6 au 28 Mai 1802, l’armée de libération de la Guadeloupe résistera aux soldats de RICHEPANCE. Alors que DELGRES prend la direction de Matouba (au sud de l’île sur la Basse Terre), Ignace se rend en Grande-Terre pour y soulever la population. Le 25 Mai, il livre sa dernière bataille au fortin de bainbridge (près de Pointe à Pitre) avec près de 700 hommes et femmes. Vers 18 H 30, le fortin, totalement encerclé par les troupes du Général GOBERT (aide de Richepanse) est pris d’assaut. La légende dit qu’Ignace, ne voulant pas être fait prisonnier se brûla la cervelle en criant : « Vous n’aurez pas pas l’honneur de me prendre en vie ». Gobert le fait décapiter et sa tête est exposée sur la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre jusqu’à putréfaction.
« VIVRE LIBRE OU MOURIR ».

C’est alors que DELGRES, ayant appris la mort de son frère de lutte, se dirige vers l’habitation DANGLEMONT au MATOUBA. Il s’y réfugie le 28 Mai avec 300 de ses compagnons d’armes, après avoir livré bataille et soulevé lui aussi la population. Mais devant la supériorité en hommes et en munitions de l’armée ennemie, ceux-ci décidèrent de s’enfermer dans l’habitation principale. Ils piégèrent l’ensemble des bâtiments en y disposant des barils de poudre à canon.

Le 28 Mai 1802, vers 15 H 30 DELGRES rassemble ses hommes autour de lui et ordonne de faire sauter toute l’habitation. C’est ainsi que ces courageux combattants de la liberté mourrons entraînant avec eux l’avant-garde des troupes de Richepance au cri de « VIVRE LIBRE OU MOURIR ».

Le rétablissement de l’esclavage fut décrété le soir même de ce jour mémorable. Il sera officialisé le 16 Août 1802 par un arrêté stipulant ; « la colonie de la Guadeloupe et dépendance sera régie à l’instar de la Martinique, de Sainte-Lucie, de Tobago et des colonies orientales, par les mêmes lois qui y étaient en vigueur avant 1789 » c’est à dire le retour à l’application strict du Code Noir et à la cruauté qui caractérisait le comportement des maîtres blancs envers leurs esclaves. Ce crime contre l’humanité perdurera jusqu’au 27 Avril 1848 ou il sera définitivement aboli par le gouvernement de la 3ème république. En Guadeloupe l’application aura lieu le 27 Mai.

Mais il ne faut pas croire que les noirs de la Guadeloupe acceptèrent docilement de retourner sous les coups de fouets. La résistance perdurera pendant les 46 ans de retour à ce qu’il est convenu de qualifié de crime contre l’humanité. Elle augmentera même puisque des multitudes de groupes de Neg Mawon s’organiseront et forceront les Républicains de 1848 a prendre enfin en considération la liberté et la citoyenneté des africains-guadeloupéens.

Il faut aussi rendre hommage à nos vaillantes combattantes de la liberté que furent MARIE-ROSE et SOLITUDE [4] et à travers elles, toutes ses femmes anonymes, esclaves, violées quotidiennement par leurs maîtres et qui, par résistance s’avortaient au péril de leur vie pour ne pas donner naissance à un futur-esclave. Solitude la Mulâtresse fut une compagne de lutte d’IGNACE et de DELGRES. Ayant pu échapper à l’explosion du 28 Mai 1802, enceinte au moment de son arrestation, Richepanse ordonna qu’on la pende le jour de sa délivrance. Elle fut pendue le 29 Novembre 1802 à l’âge de 30 ans et son enfant vendu comme esclave. Le même sort a été réservé à MARIE-ROSE, la femme de DELGRES également pendue à BAILLIF.
« Juger Napoléon, Richepanse et Gobert est un devoir de réparation envers les Africains-Guadeloupéens ».

Le 10 Mai 2001, les parlementaires de la république française ont adopté une loi qualifiant la traite, la déportation et l’esclavage de millions d’hommes et de femmes noirs, comme crime contre l’humanité. Logiquement et conformément à cette Loi, Napoléon, le gouvernement de l’époque ainsi que les militaires encadrant l’expédition en Guadeloupe et Haïti pour y rétablir l’esclavage sont coupables de ce crime puisqu’il s’agit d’un acte qu’ils ont directement perpétués.

Bien longtemps on nous a fait croire que RICHEPANSE et GOBERT n’étaient que des petits soldats aux ordres de leur empereur, mais il n’en est rien. Bien au contraire. Richepanse a fait une carrière fulgurante au sein de l’armée française pendant la révolution et contribue de façon décisive à la victoire des français sur les autrichiens en Hohenlinden le 3 Décembre 1800. Quant à GOBERT, Blanc de Guadeloupe, son rêve de revanche s’exauça le 28 Mai 1802. C’est donc à des hauts dirigeants de l’armée que Napoléon confie sa sinistre mission.
« La traitrise de PELAGE »
PELAGE était gouverneur de Guadeloupe au moment du débarquement des troupes napoléoniennes. Lors de la scission causée par IGNACE et DELGRES, il prit partie pour le contre-amiral LACROSSE. Au moment de l’expulsion de ce dernier, PELAGE se rangera définitivement aux côtés des esclavagistes. Il organisera les arrestations de ses frères de couleurs. Il en sera d’ailleurs très récompensé puisqu’il terminera sa carrière militaire très zélée au sein de l’armée espagnole.
Ces évènement tragiques sont toujours occultés de l’histoire collective de la France. Nos enfants connaissent parfaitement le nom de Joséphine De Beauharnais et de Napoléon mais ignorent ceux de DELGRES, IGNACE et les autres puisque l’état colonial français, à travers son système éducatif, tente de les transformer en bons petits français ignorant leur propre histoire donc de leur propre personnalité et de leur vécu. Comment s’étonner alors ils errent en cherchant leur identité et qu’ils tentent vainement de s’affilier à des ancêtres qui leur paraissent glorieux mais qui ne leur appartiennent pas.
C’est ainsi, par exemple, que la maison martiniquaise de « la douceur des îles » de l’Empereur fait partie du patrimoine martiniquais et est, à ce titre, toujours bien entretenue alors que les héros de la résistance anti-esclavagiste n’avaient même pas de sépulture ni de statue à leur effigie. Même RICHEPANSE, mort à 32 ans, est enterré au Fort qui portera son nom jusqu’en 1998 à basse-terre. Ce grave oubli a été réparé puisqu’en 1999 DELGRES, IGNACE, SOLITUDE et leurs compagnons ont leurs statues érigées aux Abymes, en Guadeloupe et que le Fort a été rebaptisé « FORT DELGRES ».
Mais qu’on le veuille ou non, malgré toutes les tentatives négationnistes orchestrées par l’ordre colonial pour nous amnésier de notre histoire, la mémoire de notre passé se transmet dans nos veines. Ainsi, lorsque j’étais enfant en Guadeloupe, je voyais les anciens qui, en passant devant l’arbre qu’on appelle le fromager ou l’arbre aux voyageurs, découvraient leur tête avec respect, semblant saluer cet Arbre.
Lorsque je demandais l’explication de ce rituel, personne ne pouvait me répondre. C’est bien plus tard, alors que j’étais déjà adulte qu’un ancien me donna la signification de ce geste. Les branches de l’Arbre aux voyageurs servaient de potence pour les nègres rebelles. Ils y étaient pendus et leur cadavre exposé jusqu’à putréfaction. C’est ainsi que, cent-cinquante ans après la seconde abolition de l’esclavage nos anciens continuent à saluer l’âme de ses « étranges fruits » qui ne poussaient pas seulement dans les états du sud des états unis.
Alors, au nom de leur mémoire, au nom de tous ceux qui ont lutté pour notre liberté, il faut qu’en cette année 2002, Napoléon, Richepanse, Gobert soient aussi jugés et reconnus coupables de crime commis contre l’humanité envers les africains déportés dans les colonies françaises ainsi qu’envers leurs descendants. C’est à ce prix que la France en aura enfin fini de se repentir de son passé colonial. A l’heure ou le gouvernement français instaure un haut conseil à l’intégration, il serait grand temps qu’il pense d’abord à intégrer notre histoire dans les manuels d’enseignements scolaires.

[1] TOUSSAINT-LOUVERTURE - Ancien esclave, affranchi, devenu un des chefs de la résistance haïtienne à l’esclavage. Gouverneur de l’Ile d’haîti, il fut déporté en France et mourut au fort de Joux en 1807 ;

[2] RICHEPANSE : Beau-frère de Napoléon BONAPARTE, mort à l’âge de 32 ans en Guadeloupe.

[3] En 1794, les békés martiniquais ont préféré s’allier avec les anglais plutôt que de libérer leurs esclaves.

[4] MARIE-ROSE et SOLITUDE faisaient parties de groupement de neg-mawon. Pendant longtemps leur histoire ainsi que celle des autres femmes résistantes fut occultée. Pour certains même elles n’étaient que des légendes.

Source

lundi, décembre 05, 2005

Le bon temps des colonies


« L’histoire balbutie, l’histoire se répète car le cœur de l’homme reste inchangé, toujours en proie à la haine, à la violence, à la cupidité, à la peur, au mensonge, à tous ces maux qui taraudent son âme. Il est vain de croire au progrès, à l’humanisme, à la fraternité, à la solidarité, au partage, car l’homme est fini. »
Les dignes héritiers de Jules Ferry, d’Ernest Renan ont fait entendre leur voix au perchoir en votant la loi du 29 février 2005 qui stipule, entre autres que : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord... »

Face à la réprobation et la mobilisation des historiens, les députés de gauche ont proposé la suppression de l’article incriminé, mais les nostalgiques de l’Empire, de la spoliation, du travail forcé, de l’esclavage, de la déportation, des exécutions sommaires, de la gégène, des « oui missié », « oui maîte » et des « oui bwana », ont refusé d’abroger cette loi indigne, qui insulte la mémoire des peuples colonisés, la mémoire d’une partie du peuple français.
Ces hommes arguant l’excuse de mission civilisatrice de l’occident, les descendants de ces hommes ayant promulgué le code noir, le code de l’indigénat ont parlé : la colonisation fut
positive.

En effet, la colonisation fut positive, les coffres des banques occidentales, les musées en conservent le souvenir, les ports français les traces. Peut-on faire injure aux « réhabilitateurs » de la colonisation de vouloir magnifier le temps des voleurs, des violeurs, des dépouilleurs et des fossoyeurs ? Après tout la colonisation, la traite négrière, l’esclavage a enrichi la France.

On me rétorquera qu’il ne s’agit pas de cela, mais de lutter contre les mémoires concurrentielles et de reconnaître les : « sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. »
Soit ! Je leur réponds : qu’est ce que la France n’a jamais eu a faire des supplétifs de son armée, de ces exécutants des basses besognes ?
Et aujourd’hui, la France dans sa grande magnanimité leur apporte l’absolution à l’aube de leur sénilité et apaise par cette loi leur conscience ?
L’Histoire devrait-elle faire les frais de leurs remords tardifs ? Je vous dis que non. L’histoire balbutiera mais ne se répétera pas.
Les deux dadophores ayant proposé et fait voter cet amendement peuvent se gargariser de leur suprématie de race, de leur prééminence technologique, respirer les relents nauséeux de leur passé ou pleurer sur le bon temps des colonies ou les gens comme eux savaient ce qui étaient bon pour les Nègres, les Niggers, les Malgaches, les kanaks, les Bougnoules, les Viets, les Chinetoques : la spoliation, le fouet, la déportation et l’impôt.
Quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, ces manipulateurs ne nous exhéréderont pas de notre Histoire.
Cette loi inaccouchée ne sera pas appliquée selon les dires du ministre de l’éducation nationale. Alors que cela ne tienne, que le gouvernement donne acte à cette parole et fasse abroger l’article 4 de la loi.
Tony Mardaye.

vendredi, décembre 02, 2005

Adolf Bonaparte ?

L'idolâtrie est toujours grotesque. Le culte napoléonien n'échappe pas à la règle et le rappel des grands crimes du héros au petit chapeau n'est jamais inutile. Même si la commémoration d'Austerlitz, 2 décembre 1805, échappe à ces travers, on comprendra que les Français d'outre-mer la trouvent un peu saumâtre : la glorieuse bataille a lieu alors qu'une répression féroce vient d'ensanglanter les Antilles. Poussé par le lobby colonial, le Premier consul a rétabli l'esclavage dans les colonies. Massacres, tortures, « enfumades » et exécutions furent les méthodes employées. Claude Ribbe (1) rappelle justement tout cela. Mais il assimile aussitôt l'affaire à la Shoah et Napoléon à Hitler, déclenchant la polémique. Carambolage chronologique très contestable et bientôt risqué. On doit craindre qu'il soit surtout un nouvel avatar de cette « concurrence des victimes » qui va finir par biaiser la recherche historique...


(1) Le Crime de Napoléon, Claude Ribbe, Privé.

La mal - histoire de la République

Napoléon Bonaparte : Né en Corse en 1769, mort en exil forcé à l’île de Sainte-Hélène le 5 mai 1821. Général d’armée, il se fit sacrer empereur des Français. Animé d’une volonté expansionniste, il s’est illustré par ses batailles victorieuses comme la campagne d’Egypte, autant que par des défaites retentissantes comme celle de Waterloo ou la désastreuse campagne de Russie. Il décida de rétablir l’esclavage des Nègres dans la Caraïbe par une loi du 20 mai 1802, après que ces derniers connurent sept années de liberté. Il ordonna l’envoi à Saint-Domingue, d’un corps expéditionnaire de 9 400 hommes mené par son beau-frère, le général Leclerc. La Guadeloupe allait subir le même traitement et contre elle aussi l’étendard sanglant de la tyrannie fut levé. Un corps expéditionnaire de 4 000 hommes commandés par Richepanse (dont une rue de Paris portait encore il y a peu le nom) débarquait. Le 10 mai 1802, le général Louis Delgrès, à la veille d’une bataille décisive fait une proclamation « A l’Univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir ». Le 28 mai 1802, vaincu, il se donnera la mort en se faisant sauter avec tous ses hommes sur le morne du Matouba au cri de : « Vivre libres ou mourir ! ». Le Général Richepanse fit payer lourdement la résistance aux troupes napoléoniennes par une répression impitoyable et une série d’exécutions (notamment celle de la mulâtresse Solitude, compagne de Delgrès qui allait enfanter), et de déportations dans les colonies espagnoles de milliers de Nègres remis en servitude. Bonaparte, le « premier des Français », fit arrêter par traîtrise le général Haïtien Toussaint Louverture qui avait successivement tenu en échec Anglais, Espagnols et Français lors de la révolte des esclaves Noirs qui faisait rage à Saint-Domingue depuis le 21 août 1791. L’ancien esclave de l’Habitation de Bréda, devenu brillant stratège, inventeur de la guérilla, premier grand leader anti-colonialiste de l’histoire, avait inscrit la révolte des esclaves noirs de Saint-Domingue dans l’histoire universelle. Bonaparte le fit déporter au Fort de Joux dans le Jura où il fut emprisonné le 23 août 1802. Jeté dans un cachot, tenu au secret, destitué de son grade de général, humilié, malade, laissé sans soins et sans jamais avoir été jugé. Le « premier des Noirs » est trouvé mort dans sa cellule le 7 avril 1803. En novembre de la même année, l’indépendance d’Haïti sera arrachée. « Haïti, où la Négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait en son humanité » fut la plus riche des colonies. Elle paie encore aujourd’hui l’audace d’avoir levé la tête face au monde occidental. Fait longtemps tenu caché, révélé par l’historien Claude Ribbe et reconnu par Thierry Lentz, historien à la Fondation Napoléon, Bonaparte fit gazer des combattants de la liberté au dioxyde de souffre. Les colonies françaises devront attendre 1848 pour voir l’esclavage des Nègres définitivement aboli.
La république française s’apprête à commémorer les « hauts-faits » de Napoléon Bonaparte ce samedi 3 décembre 2005 avec le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz. On a les héros qu’on peut. La valeur des nôtres ne se mesure pas au nombre de cadavres laissés dans leur sillage, ni au nombre de territoires conquis, ni au nombre de peuples dominés ou exterminés, anéantis. Mais à la légitimité des combats qu’ils ont dû mener pour défendre la liberté. Valeur républicaine s’il en est, écrite au fronton de la nation française. Pour notre part, proclamons bien haut :
A l’Univers entier, notre cri de colère et d’indignation ! Alors que l’Assemblée Nationale de la France a voté une loi en février 2005 demandant que les enseignants mettent l’accent sur les « aspects positifs de la colonisation » en Outre-mer et en Afrique du Nord. Disons que cette loi est scélérate. Qu’elle va à l’encontre des principes de la République. Demandons à tous, épris des valeurs de justice et de liberté, de se désolidariser de ces représentants de l’Etat qui l’ont votée. Enjoignons tous les professeurs d’Histoire à refuser de l’appliquer au nom de l’esprit même de la République.
Pour ce qui est de la colonisation, que dire de plus qu’Aimé Césaire ?

« Je vois bien ce que la colonisation a détruit : les admirables civilisations indiennes et que ni Deterding, ni Royal Dutch, ni Standard Oil ne me consoleront jamais des Aztèques ni des Incas. […]Sécurité ? Culture ? Juridisme ? En attendant, je regarde et je vois, partout où il y a, face à face, colonisateurs et colonisés, la force, la brutalité, la cruauté, le sadisme, le heurt et, en parodie de la formation culturelle, la fabrication hâtive de quelques milliers de fonctionnaires subalternes, de boys, d’artisans, d’employés de commerce et d’interprètes nécessaires à la bonne marche des affaires.J’ai parlé de contact.Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, l’impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies.Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforme l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production.A mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.J’entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes.Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer.Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. […] Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » In : « Discours sur le colonialisme » ; 1955
Guadeloupe, le 30 novembre 2005
Jocelyn ValtonCritique d’Art, AICA

jeudi, décembre 01, 2005

Programme d'extermination des Noirs sud-africains ?

Voici une allocution de Pieter BOTHA, Ancien Président de la République d'Afrique du sud, Août 1986 Publiée dans le SUNDAY TIME, un journal africain dont les termes confirment la présence de cet Esprit parmi les Sud Africains
« Mes Afrikaners Blancs bien-aimés. Je souhaite la grandeur- à vos frères et sœurs au nom de notre sang tout entier. Au nom de notre précieux pays et en mon nom personnel, moi, BOTHA, Président de la République d'Afrique du Sud . Je profite de cette occasion pour vous, remercier et vous féliciter pour votre courage et votre détermination du fait que vous m'avez investi pour porter haut le destin des Afrikaners. Nous sommes en train de traverser des moments difficiles.
J'ai donc décidé de vous écrire pour vous assurer de mon dévouement et de ma solidarité envers vous aussi bien dans le feu que dans la tempête. Nous vivons au milieu de grands sauvages qui en veulent à notre sang, et qui nous haïssent et qui veulent nous arracher ce que nous avons acquis. Mais n’oubliez pas que nous sommes un peuple solide et uni. VIVE L'EN-VOL DES AFRIKANERS BLANCS ! VIVE LES AFRIKANER
Ne me regardez pas simplement comme BOTHA comme son nom l’indique, mais plutôt comme un véritable esprit vivant et une promesse pour vos frères et sœurs blancs. En vérité, en vérité, je vous le dis, voici une terre donné par Dieu et pour laquelle nous devrons nous battre jusqu'à la dernière goutte de notre sang .
Nous ne pouvons pas rester là, debout à regarder ce que nous avons créé s'effriter et être démoli par ces barbares et paresseux "Kaffirs", PRETORIA à été conçue et créée par les blancs et pour les Blancs. Nous ne sommes pas obligés de prouver à quiconque et encore moins aux NOIRS que nous sommes un peuple SUPÉRIEUR.
Nous l'avons démontré aux noirs mille et une fois. La république Sud-africaine telle que nous la connaissons n'a pas été créée par une pensée fantaisiste. Nous l'avons créée par notre intelligence et aux prix de notre sueur et de notre sang. , Le sang da nos pères s'est versé sur cette terre pour notre salut. Nous avons dès lors une lourde. Responsabilité de sauvegarder notre patrimoine, notre histoire et notre fierté. Celui qui lutte pour sa survie et pour son droit n'a pas tort. Bien-aimés, vous êtes au courant, vous de tout le non-sens propagé dans le monde entier a notre sujet. On nous a collé sur le dos tout ce qu’il y a de mauvais ; alors que nous. ne, sommes Pas pire que d'autres. Pensez y mes honorables citoyens le racisme dont ils parlent n’a pas commencé avec les Afrikaners blancs. I1 a toujours été un fait dans cette vie. J'essaie simplement de vous prouver, qu’il n’a rien d’inhabituel que nous fassions et que les soi disant mondes civilisés n'aient :fait ou qu' ils ne soient en train de faire. Nous sommes tout simplement un peuple 'honnête et qui a une philosophie claire sur la façon dont il veut ,vivre sa vie de peuple blanc. Nous n'affirmons pas, comme les autres blancs, que nous aimons les nègres. Le fait que les nègres ressemblent aux êtres humains et agissent de même ne fait pas nécessairement d'eux des êtres très doués d'intelligence. Les crapauds ne sont pas des porc -épics et les lézards ne sont pas des crocodiles tout simplement parce qu'ils se ressemblent . Si Dieu avait voulu que nous soyons égaux aux nègres, il nous aurait crées uniformément avec la même couleur, avec la même intelligence. Mais il nous a créé différents : BLANCS, NÈGRES, JAUNES. Les dominateurs et les dominés.Intellectuellement; nous sommes supérieurs aux nègres cela a été prouvé sans équivoque depuis plusieurs années Je crois que l'Afrikaans est un homme honnête et une personne qui craint Dieu, et qui l’a démontré de manière pratique la vraie façon de vivre. I1 ne s’engage pas dans l’hypocrisie de tous les autres qui prétendent aimer en scandant l'atmosphère politique en substance, ou, qui font croire au monde qu’ils sont meilleurs et qu’ils s’intéressent plus que nous à l’avenir de l’humanité. Pourtant, nous donnons aux Nègres des emplois et mille et une indemnités DE TOUTE FAÇON : IL EST RÉCONFORTANT DE SAVOIR QUE DERRIÈRE CE SCÉNARIO, L’EUROPE, L’AMÉRIQUE, LE CANADA, L’AUSTRALIE SONT LES UNS ET LES AUTRES AVEC NOUS EN DÉPIT DE CE QU’ILS DISENT.
En ce qui concerne les relations diplomatiques, nous savons tous quel langage, il faut utiliser et ou nous devons l’utiliser. Pour justifier mon point de vue, je vous demande de me dire s’il y a un seul pays blanc qui n’ait pas investi ou qui n’a pas d’intérêt en Afrique du Sud. Qui achète notre or , Qui achète nos diamants ? Qui fait du commerce avec nous ? Qui nous .aide à développer l'arme nucléaire ? La vraie raison est que nous sommes leur peuple et qu’ils notre peuple. C’est là un grand secret. La force da notre économie : repose sur l'AMÉRIQUE, LA GRANDE BRETAGNE. L'ALLEMAGNE... etc..., et j'ai sur ma liste un certain nombre d'États nègres pas des moindre ! Camarades Afrikaners, le désir de puissance n'a pas commencé avec nous. I1 n'est Pas dans le destin d'un poussin de manger un épervier. Il est naturel que le poussin soit mangé par l’épervier. Mais ne sont-ils pas tous des oiseaux ? La loi de la nature veut qui la petit poisson soit mangé par le gros poisson. Nous sommes dès lors, intimement convaincus que le nègre est une matière première pour le blanc. Ainsi, Frères et S÷urs, unissons ensemble nos effort-, pour combattre le diable noir . J’exhorte tous les Afrikaners de mettre leur esprit de créativité au service de cette guerre. Dieu ne peut assurément pas se détourné de son peuple que nous sommes. Depuis toujours, chacun d’entre nous a pu constater , à la lumière de faits que LES NÈGRES SONT INCAPABLES DE SE DIRIGER EUX-MÊMES.!DONNER LEUR DES FUSILS ILS VONT S'ENTRE-TUER LES UNS LES AUTRES. Ils sont tous des bons à rien, sauf quand il s’agit de faire du bruit, danser, épouser plusieurs femmes et se livrer à la débauche . Vous n'avez qu'à regarder autour de vous pour voir ce que les États Nègres indépendants ont réalisé jusqu'à présent. Ne savons nous pas ce qui arrive au GHANA, MOZAMBIQUE, SOUDAN, NIGERIA, OUGANDA, ÉGYPTE, pour ne citer que ceux-là. Rien d'autre que le chaos, le carnage, la corruption, la famine comme c'est le cas en ÉTHIOPIE. Acceptons donc que le nègre soit le symbole de la pauvreté, de l'infériorité mentale, de la paresse, et de l'incompétence émotionnelle. N'est-il pas plausible dès lors, que le Blanc a été créé pour commander le Nègre. La nourriture, en tant que support du génocide que nous allons perpétrer à l’encontre des noirs, devra être utilisée. Nous avons développé d'excellents poisons qui tuent à petit feu (poisons à mettre dans la nourriture) et qui possèdent en plus, la vertu de rendre les femmes stériles. Notre seule crainte est qu'une telle arme ne tombe entre leurs mains puisqu’ils seront prêts à l'utiliser contre nous, si nous considérons ces innombrables nègres qui travaillent pour nous en tant que domestiques. Quoiqu'il en soit, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que nous garantir que cette arme restera exclusivement entre nos mains . Par ailleurs la plupart des noirs sont corruptibles par l’argent. Je dispose d'un fond spécial pour exploiter cette situation.
LA VIEILLE RÈGLE QUI CONSISTE A DIVISER POUR MIEUX RÉGNER EST ENCORE VALABLE AUJOURD’HUI. Nos experts devront travaillé Jour et nuit pour opposer le nègre à son frère nègre. Son sens inférieur de la morale doit être exploité intelligemment.
VOICI UNE CRÉATURE QUI N'A AUCUNE VISION LOINTAINE DES CHOSES. NOUS NOUS DEVRONS DE LE COMBATTRE AVEC DES PROJETS S'ÉTENDANT DANS UNE SI LONGUE durée qu' I L NE PUISSE MÊME PAS L’IMAGINER. LE NÈGRE NE PLANIFIE JAMAIS SA VIE AU DELÀ D’UNE ANNÉE. CETTE OPPORTUNITÉ PAR EXEMPLE, DOIT ÊTRE EXPLOITÉE. MON SERVICE SPÉCIAL MÈNE UN TRAVAIL CONTRE LA MONTRE EN VUE D’UNE OPÉRATION A LONG TERME.
J'adresse une requête spéciale aux mères Afrikaners leur demandant de doubler les naissances. I1 est nécessaire de déclencher un boom de naissances à l'échelle industrielle, en créant des centres ou nous employons et encourageons des jeunes hommes et des femmes blanches qui produisent des enfant pour la Nation. Nous étudions aussi, la possibilité des inséminations artificielles comme moyen pour faire augmenter notre population à travers des mères volontaires. Pour le moment, nous devons être vigilants pour nous assurer que les hommes noirs sont séparés de leurs femmes, et imposer des pénalités aux femmes qui portent un enfant illégitime on ne peut avoir un enfant qui n’est pas le sien.
J’AI UN COMITÉ QUI TRAVAILLE A LA MISE AU POINT DES MEILLEURS MOYENS POUR DRESSER LES NÈGRES LES UNS CONTRE LES AUTRES EN ENCOURAGEANT LES MEURTRES ENTRE EUX. LES CAS DE MEURTRES ENTRE NÈGRES DEVRONT ÊTRE LÉGÈREMENT PUNIS AFIN DE LES ENCOURAGER.
Mes hommes de science ont découvert un moyen qui, en versant dans leur breuvage un produit approprié, permet d'obtenir un empoisonnement à petit feu et une stérilisation complète. En travaillant sur les boissons et leur manufacture, ont pourrait ainsi réduire leur population. Notre combat pour l'unité entraîne l’utilisation de jeunes filles blanches en vue de l'utilisation de ce poison qui tue à petit feu. Notre guerre ne consiste pas à utiliser la bombe atomique pour détruire le nègre ; nous devons plutôt utiliser- notre intelligence à cette fin. I1 est plus efficace d'entreprendre l'opération personne par personne. Comme on raconte qu’un noir meurt en allant au lit avec une blanche, nous avons là une opportunité unique. Nos mercenaires du sexe devront en sortant, être accompagnés de combattants de l’Apartheid camouflés pendant qu’elles feront tranquillement leurs opérations en administrant le poison en question et en endommageant les grossesses de ces négresses auxquelles ils se seraient liés d’amitié. Nous sommes en train de réformer l’escadrille, des mercenaires du sexe en y introduisant des hommes blancs qui auront pour tâches de courtiser les femmes noires vulnérables. Nous avons reçu des requêtes de prostitués d’Europe et d’Amérique qui sont désespérées et qui sont prêtes à être utilisées. L’argent peut faire quelque chose pour vous, et comme nous en disposons, nous pouvons en faire meilleur usage.
Pendant ce temps, bien aimés citoyens blancs, ne prenez pas à c÷ur ce que le monde dira et n'ayez pas honte d'être appeler racistes. Je ne suis pas genre d’être appelé l’Architecte et le Roi de l’Apartheid. Je ne deviendrai jamais un singe parce qu’une personne m’a appelé singe. Je serai toujours votre star lumineuse, son excellence BOTHA. Mon dernier appel est que les opérations dans les maternités devront être intensifiées. Nous ne payons pas les responsables des services hospitaliers pour qu’ils aident les jeunes enfants noirs à venir dans ce monde, mais pour qu’ils les éliminent à la naissance. Si ce service travaillait efficacement une grande tâche serait achevée. Mon Gouvernement à mis de côté un fond spécial afin que ce programme soit exécuté de façon sournoise dans les hôpitaux et cliniques.

mercredi, novembre 30, 2005

Esclavage : Le crime oublié

Après avoir longtemps occulté ces pages peu glorieuses, la République commence à admettre que la traite des Noirs et l’esclavage font aussi partie de l’histoire de France. Une reconnaissance trop tardive qui entretient les blessures de la communauté noire. Et sert indirectement de prétexte aux dérapages antisémites d’un Dieudonné Ils sont des dizaines dans la cour du Sénat à parler et parler encore, comme si les mots pouvaient retenir le temps. Que cette journée ne s’achève jamais, cette journée de la reconnaissance! Noirs, bistres, roux ou bruns, enfants de tous les métissages... Ils sont 300 Antillais et Guyanais dans ce palais du Luxembourg, qu’ils ne se décident pas à quitter.

Ce 10 mai 2001, le Sénat vient d’adopter la loi Taubira. Les élus de la République proclament l’esclavage et la traite négrière «crimes contre l’humanité». Des Antillais pleurent. Un texte solennel vient dire à la France que leurs ancêtres étaient des hommes, aimables dans leur martyre oublié.10 mai 2001. Vingt ans après la victoire de Mitterrand. Un autre 10 mai libérateur... Mais celui-ci ne précipite pas le peuple place de la Bastille. Il ne fait pas les gros titres des journaux. Seuls tressaillent les Antillais du Sénat et ceux qui les regardent, bouleversés. Christian Paul, jeune secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, qui a accompagné la loi. La députée Christiane Taubira, son initiatrice. Esclavage, «crime contre l’humanité». Elle aurait voulu que les choses soient plus nettes encore. Accuser nommément les «puissances occidentales» coupables de la traite. Evoquer la question des «réparations». Ces saillies-là ont été limées. Trop compliquées. Trop brûlantes. Il n’empêche. La victoire est déjà belle. Un peu de vérité est dite. Taubira, ci-devant indépendantiste guyanaise, n’a jamais été aussi française que ce jour-là: grâce à elle, la France peut regarder son histoire.Car l’esclavage est aussi une histoire française. Belles familles de Nantes, Bordeaux, La Rochelle, belles fortunes nées de la traite, au temps où Lully faisait danser la cour, où Molière la faisait rire, où Colbert consolidait l’Etat – mais codifiait le statut de l’esclave dans le Code noir. La traite fut notre commerce. L’esclavage, notre économie. Histoire française. Sous la Révolution, l’abbé Grégoire, déjà émancipateur des juifs, et d’autres «amis des Noirs» arrachent l’abolition en 1794. Huit ans après, Bonaparte, Premier consul, envoie sa soldatesque mater la Guadeloupe et rétablit l’esclavage. Bonaparte, auteur d’un crime contre l’humanité.

«Une page peu glorieuse de notre histoire», a dit Jacques Chirac en 1998...Une page peu glorieuse. Mais sait-on à quel point? Longtemps la République a occulté les fautes passées de l’Etat. En 1848, Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’Etat à la Marine, impose l’abolition. On indemnise les planteurs, sitôt transformés en capitalistes! Les esclaves, eux, deviennent citoyens. Ensuite on efface tout. D’un coup. Plus rien à voir. Le crime n’est plus nommé.

L’esclavage est une victime de l’histoire. Le principe républicain l’éclipse une première fois: l’Etat ne connaît ni anciens maîtres ni anciens esclaves, seulement des Français! L’aventure coloniale l’enterre définitivement. A la figure du Noir enchaîné succède celle de l’Africain ou de l’Arabe dominé. Au XXe siècle, c’est le colonialisme qui sera l’ennemi emblématique du progressisme. Quand les Antilles produiront un révolutionnaire, ce sera Frantz Fanon, inventeur du tiers-mondisme. Mais cet engagement ne dit rien sur la traite et le traumatisme qu’elle a engendré. Aux Antilles rôdent les fantômes. On les conjure par un conte de fées. On célèbre Schœlcher dans un culte infantilisant. «On fêtait la Saint-Victor, comme on aurait adoré un Dieu libérateur», raconte le Guadeloupéen Serge Romana, généticien à l’hôpital parisien Necker. Longtemps Romana a détesté Schœlcher. Il l’a redécouvert adulte, «un observateur hors pair de la réalité antillaise, qui savait à quel point l’esclavage avait détruit la société, ruiné durablement la conscience des hommes, leur estime, leur fierté».

Mais le schœlchérisme –l’instrumentalisation d’un grand Français pour étouffer les fautes de la France – lui reste insupportable. Dans les années 1970, entre Antilles et Guyane, une génération d’activistes se construit une fierté. «Nous découvrions notre histoire en autodidactes», se souvient Christiane Taubira. On célèbre alors les marrons, ces esclaves qui brisaient leurs chaînes. On cherche des héros guerriers, valorisants. Toussaint Louverture, père de l’indépendance haïtiennne; Delgrès, colonel guadeloupéen qui se suicida avec ses hommes en 1802 pour échapper à la défaite et au retour aux chaînes. Il faudra des années pour que des écrivains réconcilient les Antilles avec tout leur passé, et que la figure même de l’esclave, pauvre victime dont les enfants ont honte, soit réhabilitée. Cette maturation est lente. Elle se passe en dehors de l’opinion française. La métropole ne voit rien. En 1981, Mitterrand a pourtant déposé une rose sur la tombe de Schœlcher. Mais il faut attendre 1998 pour que la France regarde son passé. Cette année-là, la République veut célébrer les 150 ans de l’abolition définitive. L’intention est bonne. «A l’époque, j’ai mené plus de 100 débats dans des universités, des comités d’entreprise, se souvient l’universitaire Marcel Dorigny.

Les journaux l’ont ignoré: mais une prise de conscience s’est opérée.» Nantes affronte ses remords. Mais les Antillais sont mal à l’aise dans cette fête décrétée. Schœlcher encore. Schœlcher toujours. La République magnifique. Et nous donc ? Nos pères ? Nos victimes ? Le malaise s’étend aux «négropolitains» de métropole. Lionel Jospin, alors Premier ministre, prononce pourtant un discours honorable. Célébrant à Champagney des villageois de Haute-Loire qui en 1789 avaient réclamé dans un cahier de doléances la suppression de l’esclavage, il rappelle la responsabilité de la France, salue les luttes des esclaves. Mais Jospin ne suffit pas. Il manque une parole plus forte. Celle de l’Etat, par son premier représentant, qui dirait la souffrance encore à vif.Chirac serait capable de ce geste. Il l’a eu en direction de la communauté juive, actant la responsabilité de la France dans la Shoah. Il sait être thaumaturge. L’anéantissement des peuples amérindiens lors de la conquête coloniale lui a inspiré une colère durable et des mots exemplaires. Il sait évoquer l’esclavage... Mais, en ces jours de 1998, il n’arrive pas à toucher la douleur antillo-guyanaise. Il évoque «une plaie béante au cœur de l’Afrique qui perdit le plus précieux, une part de sa richesse humaine». Il célèbre Schœlcher, son inspiration, le courage républicain. Il vante l’entrée des esclaves dans la citoyenneté, salue l’apport des Antillais à la France. Mais il ne sent pas que ces Français à part entière restent rongés de l’intérieur par un passé jamais nommé. Il ne trouve pas les mots adéquats.

Tiers-mondiste, Chirac plaint la seule Afrique! Jacobin, il ne capte pas les Antillais! «Un simple pardon, au nom de la France, aurait suffi», regrette Serge Romana.La France blesse, sans même s’en rendre compte. Une affiche maladroite est placardée par l’Etat. «Tous nés en 1848», proclame-t-elle! Pour les descendants du grand viol, c’est une insulte. Déportés, enchaînés, avilis et désormais niés! N’existant que par la grâce de la France esclavagiste puis libératrice! Un peu partout des comités s’organisent. Jamais on nes’est autant parlé entre «négropolitains». Acteurs, écrivains, médecins, musiciens. Tant d’amour blessé. On se dispute. Qui suis-je? Que vais-je dire? Finalement, ils ne disent rien, et c’est encore plus fort.Le 23 mai 1998, c’est une mer métissée qui s’engouffre cours de Vincennes.
Une marche silencieuse, précédée d’une banderole: «Esclavage, crime contrel’humanité». Combien sont-ils? 40000 disent-ils aujourd’hui. 40000 négropolitains convergeant vers la Nation, sans un mot, mais le cœur débordant. La manifestation est un moment unique. Quelque chose comme la marche des beurs, quinze ans plus tôt, mais venant d’une communauté dont on a folklorisé les angoisses. Nous sommes ici, proclament les enfants du zouk, des acras, du ti-punch. Nous sommes un drame. Nous sommes ici, descendants d’esclaves. La presse et les politiques pourtant passent à côté de l’événement. Qu’importe. «On faisait ça d’abord pour nous, se souvient Romana. On a simplement dit à nos ancêtres qu’on les aimait.» Un mois plus tard, le metteur en scène Luc Saint-Eloi fait sortir ses comédiens dans la rue pour un tableau vivant sur le destin des Noirs. Acteurs avec des chaînes. Il installe un monument du souvenir fait de chaînes et de colliers brisés, qu’il voudrait pérenne et qui pourtant est bientôt déplacé.

En décembre 1998, Christiane Taubira dépose sa proposition de loi. Ancienne gauchiste, députée apparentée PS de Guyane, elle s’est longtemps identifiée aux marrons en révolte. Cette fois, elle parle pour les vaincus. En 1999, quand son texte vient en discussion, c’est une coulée de lave qui sort de sa bouche. «Les millions de morts établissent le crime», lance-t-elle aux députés. Puis la politique reprend ses droits. Arguties et tractations. Des Etats africains font savoir que cette loi est malvenue, embarrassante. Après tout, des rois d’Afrique aussi ont participé à la traite...

La loi avance pourtant. Soutenue par le gouvernement Jospin, une fois élaguées les mentions qui fâchent sur les réparations. Qu’importe. «Pour moi, une réparation ne peut être que morale, sous forme de reconnaissance, de musées, de chaires universitaires», dit aujourd’hui Taubira. Elle sort épuisée du combat. Mais un an plus tard, candidate des radicaux de gauche à l’élection présidentielle, elle rafle les suffrages des négropolitains. Solidarité ethnique? Non: reconnaissance.Quelque chose est né, qu’on ne perçoit pas immédiatement. Un mouvement. Des identités. Pour le meilleur et pour le pire.

Romana et ses amis lancent un Comité Marche du 23-Mai pour fouiller leur mémoire. Ils inventent un mot créole, lanmèkannfèneg», pour résumer leur obsession. «Lanmè»: la mer, traversée par les bateaux négriers; «kann»: la canne à sucre que cueillaient les esclaves; «fè»: les chaînes qui les entravaient; et «nèg», les nègres, le nom qu’on leur donnait. Tandis que Romana travaille entre histoire et psychanalyse, d’autres inventent un groupe de pression: le Calixthe Beyala se monte autour de Luc Saint-Eloi et de l’écrivain franco-camerounaise Calixthe Beyala pour combattre les discriminations dont souffrent... toutes les «minorités visibles»! L’intention est louable. Mais la confusion guette. A mettre sur le même plan Africains et Antillais, mémoire de l’esclavage, séquelles du colonialisme et discriminations d’aujourd’hui, on risque l’explosion mentale. «Politiquement, anthropologiquement, cela n’a aucun sens, s’insurge Romana. Il n’y a aucune expérience commune entre un Antillais, descendant d’esclaves, fruit d’une histoire composite, métissée et douloureuse, et un Africain anciennement colonisé.» «On ne doit faire aucune confusion historique, affirme Christian Paul, aujourd’hui député PS, attentif à la question des "diversités".

Mais vivent en France des populations qui se ressentent exclues, et dont le passé est marqué par la persécution. Il faut promouvoir l’égalité et la vérité, en même temps.»La cacophonie règne bientôt sur la microplanète franco-noire. Alors que les évêques d’Afrique demandent pardon aux descendants d’esclaves, des militants, en France, prétendent interdire qu’on évoque les responsabilités africaines dans la traite! Certains veulent tirer le mouvement noir vers l’islam. D’autres, fascinés par le modèle nord-américain, rêvent à des procès en réparation. D’aucuns veulent embarquer la douleur noire en de douteux combats.

Cet hiver, un groupe de militants d’extrême gauche et d’islamistes liés au prêcheur Tariq Ramadan a proclamé la révolte des «indigènes de la République» – mélangeant délibérément l’esclavage, la colonisation, la discrimination... et l’interdiction du foulard islamique à l’école! Plus voyante, l’explosion antisémite de l’humoriste Dieudonné – métis breton et camerounais se proclamant soudain descendant d’esclaves et, comme tel, partant dans une croisade contre Israël et les juifs – vient comme une caricature grimaçante souligner à quel point la mémoire brouillée et exploitée peut se révéler un poison.«On a besoin d’histoire», affirme l’écrivain guadeloupéenne Maryse Condé. L’auteur de «Ségou» préside un Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, né de la loi Taubira. «Nous devons travailler sur la refonte des programmes scolaires, pour que l’esclavage et la traite soient enseignés aux jeunes Français. Nous voulons inventer des commémorations, des lieux de mémoire, pour que ce pays connaisse son passé.» Au printemps prochain, les sages du comité proposeront à l’Etat une date nationale de commémoration. Ce ne sera pas le 27 avril – date du décret Schœlcher – ni le 23 mai, celle de la marche de 1998. Ce sera, jure Condé, «une date consensuelle que tous pourront partager». Le premier pas d’une histoire commune, enfin ?

Claude Askolovitch
Semaine du jeudi 3 mars 2005 - n°2104 - Dossier