samedi, septembre 15, 2012

Les Calbanons, système de domination créé par le maître, lieux de vie des engagés

Sainte-Suzanne, terre d’esclaves mais aussi terre d’engagés. Après la période de l’esclavage, les gros propriétaires ont plus que jamais besoin de main d’œuvre et de bras pour cultiver la terre et travailler sur les exploitations agricoles. Se développe alors une nouvelle forme d’esclavage. Il s’agit de l’engagisme.


Les travailleurs recrutés sont, pour la plupart d’entre eux, des engagés indiens. Ces derniers sont logés dans des camps ou dans des kalbanons (il en existe toujours à Jacques Bel Air, Bellevue, Bagatelle…) ce sont des petites cases en dur de fortune, sans confort, sans intimité.

Selon les recherches effectuées par l’historien Réunionnais Sudel Fuma, 389 esclaves ont vécu dans les kalbanons de Bel Air avant de laisser leur place dès 1848 à 397 engagés. Toute une famille habitait dans une seule pièce d’environ 13 m2.

La vie dans les kalbanons était très pénible marquée par un taux de masculinité très élevé (80% d’hommes et 20% de femmes), la promiscuité, la prostitution, autant de facteurs, qui réunis, débouchaient parfois sur des crimes passionnels, selon l’historien Sudel Fuma.

Maurice GIRONCEL rejoint Paul VERGES lorsqu’il déclare que « Les kalbanons étaient un système concentrationnaire créé par le maître. C’était donc un instrument de l’esclavage. Il faut aussi se rappeler que, dans cet univers carcéral, en perpétuant un rituel culturel venu de leur pays d’origine tel que le maloya, le servis kabaré, les esclaves ont su résister. Nous devons lutter contre cette volonté délibérée qui consiste à occulter cette page de notre histoire et en même temps à dissimuler les instruments liés à l’esclavage. Il est scandaleux, qu’aujourd’hui encore, on n’ait pas retrouvé une seule chaîne d’esclave. Il est donc urgent de mettre en place une véritable politique de protection de tous les kalbanons ».

Ces kalbanons font partie intégrante de l’histoire de Sainte Suzanne et de notre pays. Menacés à un moment de destruction par le propriétaire, ils ont pu être finalement conservés sous l’impulsion du Grather, soutenu par la municipalité. L’objectif est de faire de ces vestiges du passé des lieux de mémoires, des lieux chargés d’histoire qui permettent à tous de se remémorer ces traces d’eux-mêmes.

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