jeudi, novembre 24, 2016

Colonisation et esclavage : pour François Fillon, un « partage de culture »



Le dimanche 28 août 2016, à Sablé-sur-Sarthe, dans le parc du château, François Fillon, candidat à la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle de 2017, a choisi de réviser la définition communément admise de la colonisation et de dégager la responsabilité de la France dans la pratique de l'esclavage d’État, déclarant à l’emporte-pièce :
"Non, la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord ! Non, la France n'a pas inventé l'esclavage !"

Cette saillie de François Fillon n’était par tout à fait conforme à l'héritage de son mentor, Philippe Seguin, qui avait demandé en juin 2002 au conseil de Paris de remettre en place la statue, place du général-Catroux, d’un ancien esclave, le général Dumas. Elle marquait également un certain décalage par rapport aux valeurs léguées par Joël Le Theule, ministre de l’outre-mer, auquel Fillon doit sa carrière. 

D'aucuns ont d’ailleurs jugé que le lieu choisi par François Fillon pour faire cette déclaration n'était pas un hasard : Sablé-sur-Sarthe, ville natale de Joël Le Theule, est en effet la commune dont Raphaël Elizé, un descendant d'esclaves de la Martinique, fut le maire socialiste de 1929 jusqu'à sa destitution par les autorités de Vichy en 1941 et sa déportation à Buchenwald, où il mourut en 1944, ce que François Fillon ne pouvait ignorer, puisqu'il a succédé à Raphaël Élizé et à Joël Le Theule à la mairie de Sablé-sur-Sarthe, où il fut élu de 1983 à 2001.

La date du 28 août est proche de celle du 23 août, fixée par l'UNESCO pour commémorer la traite et l'esclavage. C'est en effet le 23 août 1791 que les esclaves de Saint-Domingue (depuis république d'Haïti) se sont soulevés contre la colonisation esclavagiste française, accélérant l'abolition générale de l'esclavage, entérinée le 4 février 1794 par la Convention.

Même si François Fillon, lorsqu'il était Premier ministre, avait signé une circulaire tendant à affaiblir le caractère solennel de la journée du 10 mai -la date choisie par Jacques Chirac en 2006 pour la commémoration de l'esclavage, et devenue depuis institutionnelle-  il ne pouvait ignorer qu’une loi de 2001 reconnaît que l’esclavage tel que la France l’a pratiqué officiellement aux dépends de six millions d’Africains de 1635 à 1848, est un crime contre l’humanité.

La déclaration de François Fillon du 28 août 2016 lui a sans doute valu la sympathie et les voix de la droite extrême et de l'extrême droite, qui lui ont permis de passer en quelques jours, dans les semaines qui ont suivi son discours de Sablé-sur-Sarthe, d’une estimation de 12 % dans les sondages à 44 % de suffrages exprimés et de devancer Alain Juppé, jugé plus ouvert sur ces questions.

Mais elle a été sanctionnée, le 20 novembre 2016, par les Français des anciennes colonies esclavagistes au premier tour de la primaire de la droite et du centre. Les suffrages se sont en effet massivement portés sur Alain Juppé, le maire de Bordeaux, vainqueur en Guyane (avec 47,6 %), en Guadeloupe (43,4 %), en Martinique (35,36 %) et en Seine-Saint-Denis (35,8 %).

Outre l’indignation de l’outre-mer et des Français issus de la colonisation de l’Afrique, cette proclamation du 28 août 2016 n’a pu que susciter des interrogations dans les 47 pays qui, durablement ou non, partiellement ou en totalité, subirent la colonisation française :  Algérie, Anguilla, Antigua, Bénin, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chine, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Dominique, Égypte, États-Unis,  Gabon, Gambie, Grenade, Guinée, Haïti, Inde, Laos, Liban, Madagascar, Mali, Malte, Maroc, Mauritanie, Montserrat, Niger, République centrafricaine, République du Congo, Saint-Christophe, Saint-Domingue, Sainte-Croix, Sainte-Lucie, Saint-Eustache, Saint-Vincent, Sénégal, Syrie, Tanzanie, Tchad, Tobago, Togo, Tunisie et Vietnam.
Pour presque toutes ces nations, la colonisation française, qui a imposé le travail forcé aux indigènes de 1900 à 1946, fut violente et criminelle. Pour ne prendre qu'un exemple, à Madagascar, de 1883 à 1960, elle a occasionné plus de 500 000 morts : 17 % de la population initiale. Les Malgaches, traumatisés par cet épisode, n'y ont jamais vu aucun "partage de culture" et il leur arrive de le reprocher encore à leurs plus proches voisins français : les Réunionnais.
Est-il besoin de rappeler par ailleurs les horribles épisodes qui ont accompagné la colonisation française en Afrique ?

Si la France n'a évidemment pas inventé l'esclavage en général, elle a néanmoins été l’une des premières nations à développer l'esclavage d'État, subventionné par des primes, et légalisé par le code noir. C'est cette forme officielle et institutionnelle d'esclavage (et non l'esclavage en général) qui est commémorée tous les 10 mai.

L'esclavage a été rendu possible par la propagation du racisme. Et la France n'a aucune leçon à donner à cet égard, puisqu'elle compte malheureusement des théoriciens qui, les premiers, ont mis en doute l'unité de la nature humaine. C’est ce que fit Isaac La Peyrère en 1655. Et peu après, en 1684, c’est François Bernier, un médecin français, qui inventait l'idée absurde de prétendues « races » humaines. C’est la République française, prise en otage par Napoléon, qui a rétabli l’esclavage dans un bain de sang en 1802, après l'avoir aboli (ce qu'aucun pays au monde n'a jamais osé faire). C'est en outre un Français qui a inventé le mot de racisme en 1892, non pas pour dénoncer ce préjugé, mais pour en faire un mot d'ordre positif. Et nombreux sont les intellectuels français, comme Vacher de Lapouge, qui ont directement inspiré ou approuvé l'idéologie nazie.

Le passé colonial et esclavagiste de la France, même s'il est très déplaisant, fait partie intégrante de son histoire. Évoquer de tels faits sans les édulcorer n'a rien à voir avec une quelconque demande d'une prétendue "repentance". C'est un préalable nécessaire pour dépasser cette histoire et en effacer les séquelles, dont le racisme, qui fait peser aujourd’hui une lourde hypothèque sur l’avenir de la France, est le plus évident et le plus dangereux.

Nicolas Sarkozy, après avoir inauguré son quinquennat en déclarant d’entrée de jeu à Dakar, alors que François Fillon était son Premier ministre, que l’homme africain n’était «pas suffisamment entré dans l’histoire», a tenté, au cours de la campagne de la droite et du centre, de faire admettre aux Français de toutes origines qu'ils descendaient de "Gaulois". François Fillon est bien resté dans cette voie en flattant les préjugés de l'électorat ultraréactionnaire de la droite extrême et la mouvance identitaire, qui se reconnaît en lui, comme en témoigne le soutien affiché du raciste et eugéniste Henry de Lesquen.

En une période de troubles et d'attentats, il faut prendre garde à ne pas dresser les Français les uns contre les autres, à ne pas mettre en danger l'outre mer, les banlieues et le pays tout entier. Et il faut aussi s’attacher à ne pas blesser les anciennes colonies françaises, qui sont aujourd’hui des partenaires économiques essentiels, par des propos dédaigneux.

"L'homme de l'avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue", écrivait Nietzsche. La courte mémoire condamne à être longtemps confronté à ce passé qu'on ne veut pas admettre.

Le 3 novembre 2016, sur France 2, lors du second débat de la primaire, François Fillon est revenu malgré lui sur sa déclaration du 28 août. Il a dû reconnaître que l'esclavage et la colonisation étaient bien des crimes. Il a cependant maintenu ses propos, adoptant, face à Élie Domota, qui lui reprochait le caractère raciste d'une phrase relevant, selon le syndicaliste, de l'apologie de crime contre l'humanité, une attitude où certains observateurs originaires d'outre mer et d'Afrique n'ont vu qu'arrogance et mépris.

Fillon a évoqué, pour se dédouaner, un discours prononcé à propos de la mort d'Aimé Césaire à l'assemblée nationale, le 13 mai 2008. Mais, dans cette allocution, il est surtout question de poésie, comme si Césaire n'était pas aussi l'auteur du Discours sur le colonialisme. Et les mots d'esclavage et de colonisation y sont soigneusement évités. L’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe y fait allusion au "passé douloureux et enchaîné des peuples noirs" auquel Césaire était, selon lui, « fidèle ». Mais l'ancien Premier ministre ne semble pas directement concerné : comme si cette histoire n'était pas la sienne, comme s'il y avait bien eu des victimes, mais jamais de bourreaux. Et comme si les victimes, les "peuples noirs", du seul fait de leur couleur, étaient destinées de toute éternité à l'enchaînement et à la douleur.



Claude Ribbe 

 écrivain et réalisateur, auteur d’Une Autre Histoire (2016, le cherche midi éditeur)

mardi, novembre 22, 2016

22 Novembre – Ephéméride du jour


22 Novembre 1987. Incendie du marché Salomon.


Un acte entrant dans la série d’actions par un secteur hostile aux élections du 29 Novembre. Parmi ces actions on peu citer:
L’incendie criminel qui détruisit le magasin d’Emmanuel Ambroise, un membre du CEP (3 Novembre);
– L’incendie à l’Imprimerie le Natal. Cette Imprimerie était chargée de préparer les bulletins de vote (4 Novembre);
– Le tirs répétés provenant d’armes automatiques la veille des élections etc…

22 Novembre 1891. Inauguration du Marché Vallière.

Communément appelé « Marché En-bas », ce marché demeure le centre commercial névralgique de Port-au-Prince. « Fabriqué à Paris, aux usines Bandit, Donon et Cie, ce marche qui rappelle l’architecture des Anciennes Halles parisiennes, comporte deux immenses hangars métalliques reliés par un pavillon central de style mauresque flanqué d’une tourette à chaque angle et orné d’une horloge. Il a coûté au gouvernement haitien ( Florvil Hyppolite ) 130.000 dollars. »
Détruit lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, il a été immédiatement reconstruit.

22 Novembre 1791. Les troupes du Beauvais attaquèrent Port-au-Prince.

En peu de temps, ces troupes composées d’hommes de couleur, s’emparèrent de la ville détruisant ou brûlant tout sur leur passage. Cette attaque s’inscrit dans le contexte de la révolte des hommes de couleur qui réclamaient la jouissance des droits égaux avec les colons blancs.

22 Novembre 1960. Établissement de la loi martiale sur tout le territoire.


Le mois de novembre 1960 fut particulièrement turbulent. Une grève d’étudiants initiée deux mois plus tôt et soutenue par les franges les plus en vue de la société haitienne se solda par un échec avec l’arrestations de plusieurs chefs de file et la ferméture de l’université. Par la suite, plusieurs personnalités qui avaient montré une certaine sympathie pour les étudiants furent également expulsées dont Mgr. Poirier, archevêque de Port-au-Prince, le 24 novembre.

22 Novembre 1968. Transfert des restes du président Dumarsais Estimé.

Cérémonie à laquelle participèrent le président François Duvalier, les membres du corps diplomatique et de la famille de l’ancien président. Les restes furent transférées dans un mausolée construit spécialement pour la circonstance à la cité de l’Exposition. A titre posthume, le diplôme et les insignes de l’Ordre militaires Jean-Jacques Dessalines au grade de Grand Collier lui furent conféré. Soulignons que François Duvalier, fut ministre de la Santé Publique et du Travail sous l’administration d’Estimé.

jeudi, novembre 10, 2016

10 Novembre – Ephéméride du jour


10 Novembre 1908. Antoine Simon pris les armes contre le président-général Nord Alexis.

Délégué militaire du gouvernement dans le département du Sud, Antoine Simon fut révoqué par le président Nord Alexis. Pour protester contre cette révocation, ses partisans dans le Sud le poussèrent à prendre les armes contre le régime de Port-au-Prince.

lundi, novembre 07, 2016

7 Novembre – Ephéméride du jour


7 Novembre 1914.- Davilmar Théodore devint président d’Haïti.

Chef d’une armée insurrectionnelle qui avait, en février 1914, subit une défaite face aux troupes d’Oreste Zamor, il finit, comme ses prédécesseurs par s’imposer à Port-au-Prince et se faire élire par l’Assemblée Nationale. Son gouvernement prit fin quelques mois plus tard, le 22 Février 1915.

7 Novembre 2009.- Ratification de la nomination de Jean-Max Bellerive, premier ministre désigné, par la Chambre des Députés.

Ministre des deux gouvernements précédents nommé au poste de premier ministre et mommé par le président René Préval quelques heures seulement après la motion de censure du Sénat à l’encontre de Michel Pierre-Louis (30 Octobre), il fut ratifié avec une majorité confortable de 52 voix.

dimanche, novembre 06, 2016

6 Novembre – Ephéméride du jour


6 Novembre 1987.- Henri Namphy, alors chef du Conseil national de gouvernement (CNG), s’autoproclame commandant-en-chef des Forces armées d’Haiti (FADH).

On est en pleine période électorale, et le général Henri Namphy qui devrait en principe abandonner le pouvoir à l’avènement du nouveau président (prévu au 7 février 1988) veut encore s’y agripper en se nommant le chef des FADH, l’armée étant, à ce moment là, incontournable.

6 Novembre 2009.- Le Sénat de la République ratifie Jean-Max Bellerive, premier ministre désigné.

Nommé par le président René Préval quelques heures seulement après la motion de censure du Sénat à l’encontre de Michel Pierre-Louis (30 Octobre), cette ratification constitue à date, un record dans les annales des nominations des chefs de gouvernement haitiens. Le vote a été obtenu à la majorité des sénateurs présents lors d’une courte séance. 

6 Novembre 1883.- Décès du général Louis Dufresne.
Ministre de la guerre et de la marine du 9 avril 1848 jusqu’à la fin de l’Empire de Daustin 1er., le général Dufresne, sous la présidence de Geffrard, commanda l’arrondissement de Port-au-Prince.

jeudi, novembre 03, 2016

La Martinique et la Première Guerre mondiale en 100 questions-réponses


La Martinique et la Première Guerre mondiale en 100 questions-réponses
(éditions ORPHIE)

Un ouvrage de Sabine ANDRIVON-MILTON
Exemples de questions :
Pourquoi les soldats martiniquais ont-ils participé à la guerre ?
Combien sont morts ?
Ont-ils servi de chair à canon ?
Quels ont été les effets de la guerre sur la Martinique ?
Quels sont les lieux de mémoire de la guerre en Martinique ?

Cet ouvrage apporte les réponses à une centaine de questions et permet de mieux comprendre cette période de l’histoire de la Martinique qui est restée longtemps peu connue.


SOMMAIRE

  • La Martinique à la veille du conflit
La Martinique pendant la guerre
La mobilisation des soldats martiniquais
Les soldats martiniquais dans la guerre
La fin de la guerre et le retour des soldats
L’après-guerre et les lieux de mémoire
Documentaires, colloques, ouvrages, expositions


Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui veulent connaître cette histoire.

RENCONTRES AVEC LE PUBLIC- DEDICACES


SAMEDI 5 NOVEMBRE 2014

9h-11h :
Librairie antillaise la Galléria

16h-18h
librairie antillaise le Rond Point

JEUDI 10 NOVEMBRE
18H
PREFECTURE DE FORT-DE-France (séminaire CANOPE)


L’AUTEUR


LE LABEL CENTENAIRE


Cet ouvrage a obtenu le label national Centenaire qui permet de distinguer les projets les plus innovants et les plus structurants pour les territoires. Avec ce label l’ouvrage est répertorié dans le programme national officiel des commémorations du Centenaire.

QUESTIONS A L’AUTEUR

  1. Pourquoi ce titre ? Pourquoi 100 questions et pas plus ?
Nous avons retenu cent questions pour correspondre au Centenaire 14-18. Nous avons aussi constaté que la formule questions-réponses plaisait aux lecteurs.

  1. Pourquoi avez-vous écrit un ouvrage de plus sur la Grande Guerre ?
Au cours de mes interventions auprès des scolaires et du grand public, il revenait les mêmes questions concernant la participation de la Martinique et des soldats martiniquais dans la Grande Guerre. Il m’a donc semblé opportun, avec le Centenaire, de réaliser cet ouvrage qui apportera des réponses simples aux questions les plus fréquemment posées. Il deviendra ainsi un outil indispensable pour les personnes désirant s’informer sur le sujet. Cet ouvrage fait un peu la synthèse des ouvrages précédents.

  1. N’a-t-on pas déjà tout dit sur cette guerre?
Pas du tout. Au contraire. Il reste plusieurs sujets à étudier, comme le rôle des soldats martiniquais dans la bataille de Verdun, leur implication dans le Chemin des dames et la bataille de la Somme… Avec le Centenaire, plusieurs thématiques sont mises en lumière et permettent d’approfondir cette histoire sous divers angles. Ce qui n’avait pas encore été fait à ce jour.

  1. Quel public visez-vous pour cet ouvrage ?

Je vise en premier lieu les scolaires car le sujet de la Première Guerre mondiale est étudié au CM2, en 3e et en 1ère. Cet ouvrage est aussi destiné aux enseignants qui pourront réaliser leurs cours et au grand public.

  1. Pensez-vous que les Martiniquais s’intéressent à l’histoire militaire?

Les Martiniquais s’intéressent à leur histoire et sont de plus en plus avides de connaissances. Cela se ressent pour l’intérêt qu’ils portent à la découverte du patrimoine. Lors de la journée du patrimoine, les sites militaires sont très fréquentés. Nous avons encore dans notre société, une grande partie des adultes qui ont fait leur service militaire. Celui qui ne s’intéresse pas à l’histoire militaire veut quand même connaître le rôle joué par la Martinique et les Martiniquais dans les différents conflits car cela n’avait pas été étudié autrefois.

  1. Peut-on savoir quel sera votre prochain ouvrage ?

Si l’ouvrage se rapportant à la Première Guerre mondiale retient l’attention des lecteurs, je réaliserai celui se rapportant à la Seconde Guerre mondiale.




mardi, novembre 01, 2016

1er Novembre – Ephéméride du jour


1er Novembre 1919. Mort de Charlemagne Péralte

Trahi par Jean-Baptiste Conzé, un de ses lieutenants, Charlemagne Péralte reçut deux balles au dos de Hermann Hanneken, un commandant américain. 
Pour l'histoire :
François Borgia Charlemagne Péralte (1885-1919) fut un révolutionnaire nationaliste haïtien et chef du mouvement Cacos, opposé à l'occupation d'Haïti par les États-Unis, capturé et exécuté par l'armée américaine près de Grande-Rivière-du-Nord.

Charlemagne Péralte est né le 10 octobre 1885 dans la ville de Hinche au sein d'une famille aisée et cultivée. En 1915, les forces militaires des États-Unis débarquent en Haïti et occupent le pays jusqu'en 1934.

Les forces américaines se déploient dans le pays sans d'incident majeur sauf à Léogâne, où Charlemagne Péralte, commandant de la sécurité militaire de la région, refuse de déposer les armes et le drapeau national sans en avoir reçu l'ordre officiel des autorités haïtiennes. Sa carrière militaire et administrative brisée, il démissionne et retourne dans sa ville natale de Hinche pour s’occuper des terres familiales.

Les États-Unis font élire un Président, le président du Sénat Philippe Sudre Dartiguenave et signer un traité, base légale de l’occupation, par lequel ils prennent le contrôle des douanes et de l’administration. L’administrateur américain a le pouvoir de veto sur toutes les décisions gouvernementales d’Haïti et les officiers des Marines servent dans les provinces. Ainsi, 40 % des recettes de l'État passent sous le contrôle direct des États-Unis. L'armée est dissoute au profit d'une gendarmerie, destinée à maintenir l'ordre intérieur. Les officiers sont américains. Les institutions locales, cependant, continuent à être dirigées par les Haïtiens.

En 1917, le Président Philippe Sudre Dartiguenave demande la dissolution de l’Assemblée qui avait refusé d’approuver une Constitution inspirée par le secrétaire à la Marine des États-Unis : Franklin D. Roosevelt. Ceci fut fait par la gendarmerie, commandée par le Marine Smedley Butler.

Les occupants américains manifestent du racisme. Cette attitude consterne et indigne en particulier l'élite mulâtre, francophone et éduquée.

En 1918, des routes sont construites sous le système de la corvée. La réaction populaire est violente. À la fin de l’année, le pays est en état d’insurrection. Les paysans armés, surnommés « cacos », sont jusqu'à 40 000. Leurs chefs les plus connus sont Charlemagne Péralte et Benoît Batraville qui attaquent la capitale, Port-au-Prince, en octobre 1919. Charlemagne Péralte entreprend le harcèlement des forces américaines. Avec un armement limité à quelques vieux fusils et des machettes, les Cacos opposent une telle résistance que les effectifs des Marines sont augmentés, et les États-Unis en viennent à utiliser leur aviation pour contrôler le territoire et mater la guérilla.


Après deux ans de combats, fort du soutien de la population, Charlemagne Péralte proclame un gouvernement provisoire dans le Nord d’Haïti, en 1919.
Charlemagne Péralte est trahi, et tué par les Américains le 31 octobre 19191. Un cliché du cadavre de Charlemagne Péralte, pris par les Américains, montre le corps du héros révolutionnaire attaché à une porte et accompagné du drapeau bicolore haïtien. Cette photographie est reproduite à des milliers d’exemplaires pour être distribuée dans tout le pays.

Benoît Batraville, lieutenant de Péralte, reprend le flambeau de la lutte. Le 2 décembre 1919, un congrès organisé par les forces rebelles révolutionnaires désigne Benoît Batraville commandant des forces Cacos en remplacement de Péralte. Quelques mois plus tard, trahi à son tour, il est arrêté par les soldats américains et exécuté sommairement par eux le 20 mai 1920. Son corps est enterré au cimetière de Mirebalais.

Il fallut deux ans aux Marines américains pour mater la révolte au prix de plus de deux mille morts haïtiens.

La mort de Charlemagne Péralte a pris pour les Haïtiens la dimension d’un martyre. Après le départ des forces américaines en 1934, le corps de Péralte fut déterré, identifié par sa mère et enterré avec les honneurs au cimetière de Cap-Haïtien. Après la mort de ses chefs guérilleros, le mouvement révolutionnaire Cacos va faiblir et finalement sera éliminé en 1921.

1er Novembre 1845. Transfert du siège du gouvernement au Cap-Haitien.
Le président Louis Pierrot (16 Avril 1845 – 28 Février 1846), originaire du Nord, qui dédaignait les Port-au-Princiens, les accusant de traites, décida de retourner dans son patelin et obligea son entourage et les membres de son gouvernement à le suivre. Après son renversement, Port-au-Prince reprit son titre de capitale et ses fonctions de siège de gouvernement